Le taux de chômage a reculé à 6,6 % au Canada et à 5,4 % au Québec en janvier. 

Le taux de chômage au Canada a légèrement baissé en janvier, le marché du travail ayant créé 76 000 emplois, dépassant les attentes des économistes pour le mois et renforçant les spéculations selon lesquelles la Banque du Canada pourrait décider de ne pas abaisser les taux d’intérêt le mois prochain.

Le taux de chômage a reculé de 0,1 point de pourcentage à 6,6 %, marquant la deuxième diminution mensuelle consécutive après avoir culminé à 6,9 % en novembre, rapporte vendredi Statistique Canada.

Les économistes interrogés par Reuters s’attendaient à une croissance d’environ le tiers de ce qui a été dévoilé et à une légère augmentation du taux de chômage.

« Nous avons un marché du travail incroyablement solide qui bénéficie d’une dynamique sérieuse », affirme Derek Holt, vice-président et chef des études économiques sur les marchés des capitaux à la Banque Scotia, lors d’une entrevue.

« Je pense que cela signifie que la Banque du Canada a placé la barre très, très haut pour envisager d’autres baisses de taux à court terme. »

Selon M. Holt, la question est de savoir ce qui motive ces chiffres élevés. Il émet l’hypothèse que la rhétorique de guerre commerciale du président américain Donald Trump a peut-être ébranlé la confiance des entreprises à investir, et qu’elles embauchent donc plus de travailleurs pour répondre aux besoins de production. « Peut-être que Donald Trump est en train de redonner au marché du travail canadien sa grandeur. »

Le secteur manufacturier a enregistré les plus fortes hausses d’emplois le mois dernier, avec 33 000 emplois supplémentaires, dont un tiers en Ontario.

Statistique Canada met de l’avant le secteur manufacturier dans son rapport mensuel, soulignant que près de 40 % des 1,9 million d’emplois manufacturiers dépendent de la demande américaine pour les exportations canadiennes. Dans le secteur automobile, près de 70 % des emplois manufacturiers dépendent de la demande américaine.

Ces données sont d’autant plus pertinentes dans le contexte où le président américain Donald Trump menace d’imposer des droits de douane de 25 % sur tous les produits canadiens importés aux États-Unis, ce qui crée des tensions économiques entre les deux pays.

M. Trump a accordé un sursis d’un mois avant l’entrée en vigueur des tarifs, lundi, puisque le premier ministre Justin Trudeau s’est engagé à désigner les cartels comme des entités terroristes et à nommer un « tsar du fentanyl » pour servir de liaison entre les deux pays, notamment.

Par ailleurs, dans tous les secteurs, l’emploi à temps plein a augmenté de 35 000 en janvier, en plus de 40 900 autres emplois à temps partiel. Le secteur public a toutefois perdu 8400 emplois au cours du mois de janvier, et la croissance des salaires a continué de ralentir.  Les salaires horaires ont augmenté à un taux de 3,5 % sur un an en janvier, comparativement à une croissance de 4 % en décembre.

Au Québec, le taux de chômage a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 5,4 %.

Statistique Canada note que l’emploi a peu varié pour un deuxième mois consécutif en janvier au Québec, mais, par rapport à un an plus tôt, l’emploi est en hausse de 95 000 dans la province.

Rythme des baisses de taux

« La Banque du Canada a signalé en janvier que de nouvelles baisses des taux d’intérêt dépendraient de la persistance de données économiques peu encourageantes », indique Nathan Janzen, économiste en chef adjoint à la Banque Royale, dans une entrevue.

« Compte tenu de ces données plus solides sur le marché du travail pour janvier, cela augmenterait les chances qu’elle ralentisse le rythme des baisses des taux d’intérêt et renonce à une baisse des taux en mars. »

Andrew Grantham, économiste principal chez Marchés des capitaux CIBC, souligne que le rapport est de toute évidence très positif, mais il estime que les taux devaient encore baisser.

« Même après l’amélioration observée au cours des deux derniers mois, le taux de chômage n’est toujours qu’à peine revenu au niveau d’octobre, et est toujours cohérent avec un marché du travail avec beaucoup de marge de manœuvre », précise-t-il dans une note aux clients.

« Nous continuons de penser que des taux d’intérêt encore plus bas seront nécessaires pour que l’économie absorbe pleinement cette marge de manœuvre, en particulier compte tenu de l’incertitude accrue liée au commerce qui pourrait avoir un impact sur les décisions d’embauche à venir. »

La Banque du Canada devra tenir compte de nouvelles données avant sa réunion du 12 mars, notamment une autre publication sur l’emploi et des données sur l’inflation.

L’inflation annuelle a reculé à 1,8 % en décembre, selon les dernières données de Statistique Canada. Le rapport pour janvier devrait être publié le 18 février.

Royce Mendes, directeur général et chef de la stratégie macroéconomique chez Desjardins, avance que la banque centrale pourrait choisir de garder les taux inchangés en mars si aucun tarif n’est mis en œuvre d’ici là.

« L’inflation se maintenant autour de la cible de 2 % et la croissance des salaires ralentissant à un rythme annuel de seulement 3,5 % dans les chiffres d’aujourd’hui, la bonne nouvelle est que les banques centrales ont une certaine flexibilité pour réagir si un choc frappe l’économie », explique-t-il. « Les taux ont augmenté sur toute la courbe de rendement du gouvernement du Canada et le dollar canadien s’est apprécié à la lumière des données étonnamment solides. »