Le gouvernement fédéral veut augmenter le nombre de femmes figurant sur les conseils d’administration (CA) des entreprises canadiennes en les obligeant à adopter une politique de la diversité.

Le dernier budget des conservateurs propose des amendements à la Loi canadienne sur les sociétés par actions pour que toutes les entreprises cotées en bourse adhèrent au modèle « se conformer ou s’expliquer » pour accroître le nombre d’administratrices.

Le gouvernement s’adressera aussi aux entreprises qui ne sont pas inscrites à la cote d’un marché boursier pour encourager l’embauche féminine, mais aussi pour s’assurer que les élections au conseil d’administration et les communications soient à jour.

Plusieurs sociétés et groupes de femmes demandent depuis des années au gouvernement de légiférer pour améliorer la situation.

L’organisme indépendant sans but lucratif Catalyst a découvert, à l’aide d’un sondage mené à l’échelle internationale, que le portrait de la situation était bien différent selon les pays.

Parmi les 20 pays sondés, la Norvège arrive en tête, alors que 35,5 % des membres des CA sont des femmes. Le Japon est en queue de peloton avec un maigre 3,1 % de femmes au sein de ses administrateurs. Le Canada figure au neuvième rang, à 20,8 %, dépassant ainsi les États-Unis et l’Australie qui ont tous deux 19,2 %.

La Commission des valeurs mobilières de l’Ontario (CVMO) avait suggéré en juillet 2013 que toutes les entreprises cotées à la Bourse de Toronto divulguent leurs informations sur la représentation féminine. À l’époque, le gouvernement fédéral tentait de trouver des moyens pour augmenter la présence féminine dans les sociétés.

Sept des dix provinces – dont le Québec – et deux des trois territoires ont opté pour leur propre politique de « se conformer ou s’expliquer » en vertu de leurs propres compétences.

Le Réseau des femmes exécutives – organisation canadienne pour l’avancement des femmes dans les postes de direction – croit qu’une présence accrue des femmes serait bénéfique pour l’économie du pays.

« Ce n’est pas un enjeu féminin. C’est un enjeu économique et financier qui affecte la compétitivité et la prospérité du Canada », a écrit le groupe dans un mémoire présenté à la CVMO.

La fondatrice de l’organisation Pamela Jeffery a d’ailleurs accueilli favorablement les changements proposés par les conservateurs, parlant d’un « pas dans la bonne direction ». Cependant, elle croit que le gouvernement pourrait être plus contraignant avec les entreprises éventuellement.

Richard LeBlanc, professeur de gouvernance d’entreprise à l’université York de Toronto et partisan d’une plus grande représentation des femmes, s’est réjoui de la clause « se conformer ou s’expliquer ».

« C’est flexible. Ce ne sont pas des quotas et ce n’est pas rien faire – c’est un compromis », a-t-il analysé.