
Alors qu’elle est en processus de négociation avec six de ses syndicats, la Ville de Montréal compte bien demander d’importantes concessions à ses employés dans le but de réduire leur rémunération globale de 10,5 %.
Dans un document rendu public mardi, la Ville de Montréal explique se donner deux objectifs clairs dans le cadre des négociations actuelles, soit l’équité en matière de rémunération globale par rapport à l’ensemble des travailleurs du Québec et l’accroissement de la performance organisationnelle.
Si la Ville consent à accorder des augmentations salariales de 2 à 2,5 % à ses employés, elle veut en contrepartie diminuer ses coûts en rémunération globale, notamment par l’accroissement du nombre d’heures travaillées et par une révision du partage du coût des régimes d’assurance collective afin que les employés en assument 50 %.
Pour appuyer ses positions, la Ville de Montréal s’est basée sur le rapport d’enquête sur la rémunération des salariés publié en novembre 2014 par l’Institut de la statistique du Québec. Celui-ci révélait que les fonctionnaires municipaux bénéficiaient d’une rémunération globale supérieure à tous les autres groupes de salariés de la province. Par rapport à celle de l’administration provinciale, que la Ville retient comme cible, la rémunération globale des employés de l’administration municipale est de 38,6 % plus élevée.
Montréal veut ainsi réduire l’écart entre la rémunération globale de ses employés et celle de l’administration provinciale, qui passerait de 38,6 % à 24,1 %. « Il est possible et réaliste d’y parvenir dans cette négociation, tout en continuant d’offrir à ses employés des conditions d’emploi compétitives et de première qualité », peut-on lire dans le document de la Ville de Montréal, qui indique qu’en 2015, la rémunération globale de l’ensemble des employés de la Ville s’élève à 2 405,5 M$, ce qui équivaut à 49,2 % du budget global des dépenses de fonctionnement de Montréal.
Les syndicats scandalisés
« C’est aberrant. On est capable de faire des efforts, on comprend le contexte actuel, mais la Ville préfère sortir le bulldozeur plutôt que de s’assoir pour discuter, s’exclame Alain Fugère, président du Syndicat des fonctionnaires municipaux. Il y avait déjà un fossé qui nous séparait de la Ville, maintenant, c’est le Grand Canyon. »
Les syndicats déplorent que la Ville de Montréal ait décidé de dévoiler publiquement ses objectifs, voyant dans cette stratégie une tentative de négocier sur la place publique.
« Ce que la Ville n’a pas obtenu en diminution de la masse salariale avec la loi sur les régimes de retraite, elle veut maintenant l’obtenir avec le renouvellement des conventions collectives », affirme Alain Fugère.
La principale préoccupation pour le Syndicat des fonctionnaires municipaux provient de la demande visant à « permettre à la Ville de recourir à la sous-traitance selon ses besoins ». « Ils veulent se donner carte blanche et privatiser de plus en plus l’administration municipale en supprimant des postes », déplore M. Fugère, qui ajoute que 306 postes seront supprimés cette année parmi les fonctionnaires montréalais.
La Ville de Montréal est actuellement en processus de négociation pour le renouvellement de six conventions collectives échues :
- Syndicat des professionnelles et professionnels municipaux de Montréal
- Syndicat des architectes de la Ville de Montréal
- Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive de Montréal
- Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal (cols blancs)
- Fraternité des policiers et policières de Montréal
- Association des contremaîtres municipaux de Montréal
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