
Les incivilités et les comportements hostiles en milieu de travail entraînent une baisse considérable du niveau de productivité des organisations, conclut une récente étude de l’Université Simon Fraser.
L’étude, publiée dans le Journal of Applied Psychology, a permis de constater que les agressions en milieu de travail, qui peuvent notamment prendre la forme de commentaires grossiers, de cris, d’injures, de harcèlement ou même de violence physique, entraînent une diminution marquée du rendement des employés dans trois domaines clés.
En plus d’avoir une incidence directe sur la capacité des travailleurs à assumer leurs responsabilités professionnelles, les comportements indésirables ont pour effet de diminuer l’entraide entre collègues. Les employés seront par exemple moins portés à accomplir des tâches qui ne leur sont pas assignées dans le but de soutenir un collègue.
Dans les milieux de travail où les incivilités sont répandues, les chercheurs ont également remarqué une hausse des comportements déviants ou contre-productifs, tels que les vols sur le lieu de travail, les gestes de sabotage ou alors la sous-performance intentionnelle qui a pour but de nuire à l’organisation.
Cosignée par les chercheurs Zhanna Lyubykh, professeure adjointe de gestion et d’organisation à la Beedie School of Business de l’Université Simon Fraser, l’étude précise que les employés victimes d’agression perçoivent souvent leur environnement de travail comme injuste et reprochent (souvent à juste titre) à l’organisation de ne pas avoir su prévenir les comportements agressifs. Le stress généré par les agressions en milieu de travail épuise les employés et les empêche de donner le meilleur d’eux-mêmes, tandis que des émotions exacerbées comme la colère et l’anxiété les poussent à adopter des comportements contre-productifs.
« Le plus dommageable est peut-être que l’expérience de l’agression sur le lieu de travail érode la confiance en soi, pousse les employés à douter de leurs capacités et à leur fait perdre toute motivation. Ces effets, lorsqu’ils se conjuguent, finissent par nuire à la performance et à l’efficacité globales du milieu de travail », peut-on lire dans l’étude.
Certains facteurs culturels auraient aussi de l’influence sur le niveau de perte de productivité. Par exemple, dans les cultures individualistes, où les réalisations personnelles sont très valorisées, la qualité des relations tend à souffrir davantage des agressions en milieu de travail. De la même façon, dans les organisations à majorité masculines, qui mettent l’accent sur la compétitivité et l’affirmation de soi, les agressions auraient un impact plus important sur la perte de confiance en soi.
Pour éviter que le climat de travail ne devienne hostile, les employeurs doivent notamment encourager une communication respectueuse et promouvoir des comportements inclusifs, ainsi que mettre en place des politiques anti-agression claires qui prévoient des conséquences strictes pour les salariés se livrant à des comportements hostiles.
Les chercheurs mentionnent aussi l’importance des mesures de soutien, comme des services de counseling ou de résolution de conflits. Les employés doivent aussi pouvoir signaler en tout temps des incidents sans avoir à craindre des représailles. Cela permet aux organisations d’identifier et de traiter les agressions à un stade précoce.
L’étude a analysé les données de 471 études menées dans 36 pays et portant sur près de 150 000 employés.