Les Canadiens, surtout les jeunes, sont de plus en plus nombreux à vouloir utiliser la technologie pour gérer leur santé et recevoir des traitements. Le problème, c’est que le système de santé tarde à passer à l’ère numérique, déplore l’Association médicale canadienne (AMC).

Un sondage Ipsos mené en mai dernier auprès de 2000 répondants montre que sept Canadiens sur dix se prévaudraient de consultations virtuelles s’ils en avaient la possibilité. Selon eux, de telles consultations entraîneraient une amélioration des soins dans leur ensemble et les rendraient plus rapides et pratiques.

Une proportion importante de répondants (56 %) se disent aussi prêts à porter un appareil mobile qui ferait le suivi de leurs santé en tout temps, tandis que six Canadiens sur dix s’enthousiasment du potentiel de l’intelligence artificielle dans le domaine des soins de santé. Cela dit, ils continuent de penser que seuls les diagnostics posés par des médecins sont fiables.

Au total, 70 % des Canadiens croient que l’intégration de la technologie dans la gestion de la santé personnelle peut aider à prévenir des maladies, et 64 % indiquent que s’ils en avaient le choix, ils consulteraient un médecin qui utilise plus de technologies dans le cadre de sa pratique.

L’arrivée massive de technologies dans les soins de santé suscite néanmoins quelques inquiétudes. Sept Canadiens sur dix s’inquiètent par exemple qu’on ait omis de prendre en considération tous les aspects de la protection de la vie privée et de l’éthique durant le déploiement de l’intelligence artificielle dans les soins de santé. Mais plus que les questions de confidentialité, c’est la perte potentielle de contact humain qui préoccupe avant tout les répondants au sondage. L’exactitude des diagnostiques (64 %) est aussi source d’interrogation.

S’adapter à la génération Google

Si les Canadiens de tous âges voient dans l’émergence des technologies et de l’intelligence artificielle un bon moyen d’améliorer les soins de santé au pays, ce sont surtout les jeunes âgés de 18 à 34 ans, que l’AMC qualifie de « génération Google », qui sont susceptibles d’en bénéficier. Près de la moitié d’entre eux (47 %) ont recours à des consultations médicales virtuelles pour au moins la moitié de leurs visites, comparativement à 37 % de la population générale.

Au total, 44 % des jeunes adultes font le suivi de leur santé à l’aide d’appareils portables (comparativement à 27 % de la population générale). Ils s’inquiètent aussi beaucoup moins de la protection de la vie privée et des questions éthiques liées à l’intelligence artificielle que les générations plus âgées.

Selon le sondage, les membres de la génération Google ont fréquemment recours au système de santé : ils affirment consulter un médecin en moyenne 11 fois ou plus par année.

« Les technologies comme l’intelligence artificielle et la surveillance virtuelle offrent la possibilité de répondre aux besoins de santé des membres de la génération Google, qui utilisent la technologie dans tous les aspects de leur vie. Il y a un écart marqué entre leurs méthodes de gestion et de suivi de la santé et celles de tout autre groupe démographique, explique le Dr Laurent Marcoux, président de l’AMC. Pour être en mesure d’offrir des services à cette nouvelle vague de patients technophiles, nous devons disposer des politiques et des plans d’action nécessaires pour moderniser notre écosystème de soins de santé. »

L’AMC soutient qu’il faut « de toute urgence » modifier les politiques et prendre des mesures visant à favoriser l’adoption de la technologie dans le système de santé pour adapter celui-ci aux besoins actuels et futurs des jeunes générations.

« Nous devons considérer ces données comme un avertissement, ajoute le Dr Marcoux. Chaque génération présente un nouveau défi pour notre système de santé; la génération Google privilégie la commodité et la rapidité, mais le système actuel ne peut les leur offrir. »