Les organisations canadiennes essaient de nouvelles approches pour lutter à la fois contre la hausse des coûts de santé et l’accroissement de l’absentéisme, du stress et de l’invalidité chez les employés – et certaines y parviennent plus rapidement que d’autres. Les entreprises très efficaces utilisent des tactiques comme les récompenses financières pour encourager leurs employés à adopter des habitudes de vie plus saines et leur apporter du soutien. Le versement de primes pour inciter les employés à participer à des programmes de santé et productivité est une pratique courante aux États-Unis, et selon les résultats d’un sondage effectué par Towers Watson, le nombre d’entreprises canadiennes qui y ont recours est en hausse.
Selon le sondage Au travail! 2011-2012 de Towers Watson, un quart (26 %) des employeurs canadiens prévoient offrir, en 2012, une forme de récompense financière aux employés qui participeront à leurs programmes de gestion de la santé – en hausse par rapport aux 13 % qui le font actuellement. Comme le souligne Wendy Poirier, chef du secteur Santé et assurance collective de Towers Watson au Canada, « Nous constatons que les employeurs se rendent compte de plus en plus des répercussions importantes qu’ont les programmes de santé et productivité sur les efforts déployés en vue de maîtriser les coûts des soins de santé et de maintenir la productivité de la main-d’œuvre. Les résultats de toute stratégie ne peuvent être garantis, mais les entreprises très efficaces dotées de programmes diversifiés et bien pensés récoltent assurément le fruit de leurs investissements dans la santé de leurs employés. »
Le stress au travail augmente et les problèmes de santé mentale préoccupent
Malgré une sensibilisation accrue et une augmentation des interventions, les problèmes de santé mentale demeurent la raison principale des demandes de prestations d’invalidité au Canada. Les participants au sondage ont indiqué les trois principales causes des demandes de prestations d’invalidité à court terme au sein de leur entreprise. Les problèmes de santé mentale ont été cités par 83 % d’entre eux (suivis des troubles musculosquelettiques et des maux de dos, mentionnés par 76 % des participants, et des accidents, par 37 % d’entre eux). De même, 85 % des participants au sondage ont indiqué que les problèmes de santé mentale constituaient l’une des trois principales causes des demandes de prestations d’invalidité à long terme (suivis des troubles musculosquelettiques et des maux de dos, pour 76 % d’entre eux et du cancer, pour 63 % d’entre eux).
La plupart des organisations soulignent que le stress subi par les employés est un enjeu d’affaires important qui prend de l’ampleur, et nombre d’entre elles prévoient adapter leurs stratégies organisationnelles en matière de santé pour les deux prochaines années afin d’y inclure la santé mentale (61 %) au même titre que la santé physique. Les participants canadiens ont déclaré que la charge de travail excessive, le manque d’équilibre entre le travail et la vie personnelle, le manque de clarté ou l’incohérence relativement aux attentes liées au travail ainsi que le personnel insuffisant représentaient les principales sources de stress. Selon les résultats du sondage, la prévalence de chacun de ces facteurs de stress a augmenté sensiblement au cours des deux dernières années. Par exemple, aujourd’hui près de 9 employeurs canadiens sur 10 (89 %) indiquent que la charge de travail excessive est un problème – une hausse notable de 25 % de 2009 à 2011 (de 64 % à 89 %). Bien que les organisations s’efforcent de limiter l’incidence du stress au travail sur le rendement de l’entreprise, la majorité d’entre elles signalent des résultats décevants. En fait, moins de 10 % des entreprises indiquent que leurs efforts ont donné des résultats marqués.
Les coûts de l’inaction pourraient rapidement forcer certaines organisations à apporter des améliorations. « Au cours des dernières années, les employeurs ont demandé à leurs employés d’augmenter leurs heures de travail et de faire plus avec moins, ce qui réduit le temps consacré aux activités bénéfiques pour la santé, comme l’exercice ou une saine alimentation, mentionne Michèle Boisvert, conseillère principale et chef du secteur Santé et assurance collective de Towers Watson à Montréal. Parallèlement, les gens s’inquiètent de leur sécurité d’emploi et de leur bien-être personnel. Tous ces facteurs mis ensemble peuvent avoir de sérieuses répercussions sur la santé physique et mentale, et accroître l’absentéisme et le présentéisme au travail. Outre les conséquences personnelles, les répercussions sur l’entreprise – hausse des coûts des soins de santé, baisse du rendement au travail et perte de productivité – peuvent être considérables.»
Une meilleure gestion de la santé entraîne de meilleurs résultats financiers
En 2011, les coûts associés à la santé et à la productivité ont représenté un peu plus de 17 % de la masse salariale au Canada, une hausse par rapport à 12,6 % en 2009. Les organisations dont les pratiques en matière de santé et de productivité sont efficaces obtiennent des résultats bien supérieurs. Entre autres avantages, un taux de roulement moyen inférieur (8 % au lieu de 10,4 %), un nombre moins élevé d’absences non planifiées – et dans le cas des sociétés cotées en bourse, une prime du marché de 18 % sont observés dans ces organisations comparativement à celles dont les pratiques en matière de santé et de productivité sont peu efficaces (*Voir la note de la rédaction).
« Notre étude a permis de dégager clairement les pratiques exemplaires les plus étroitement associées aux résultats positifs obtenus en matière de santé et de productivité des employés, et la façon dont les programmes de santé et productivité sont liés aux résultats de l’entreprise, a souligné Suzanne Paiement, conseillère principale en santé et productivité de Towers Watson à Montréal. En matière de santé, la prévention et les stratégies concernant le retour au travail ainsi que le soutien aux programmes en sont des exemples. En ce qui concerne le milieu de travail, nous avons déterminé que les récompenses, le leadership et la communication constituent trois éléments clés d’un environnement de travail favorisant le bon rendement des employés. »
« Même si elles ne sont pas prêtes à s’engager à fond dans la mise en œuvre d’une culture axée sur la santé, les entreprises pourraient en faire un peu plus en ce qui concerne la gestion des absences et de l’invalidité, souligne Mme Paiement. Moins de la moitié des organisations canadiennes prennent des mesures adéquates à cet égard, comme la vérification régulière des demandes de prestations d’invalidité, la remise en question du modèle de prestation des services, et la mise en place de normes de rendement pour leurs fournisseurs. La plupart des employeurs peuvent tirer parti d’une meilleure gouvernance de leurs programmes d’invalidité afin d’améliorer l’efficience et l’efficacité. Enfin, les employeurs doivent faciliter le retour au travail de leurs employés, et offrir un meilleur soutien à ceux qui en ont besoin pour demeurer en santé et maintenir un engagement productif. »
Ce que les entreprises très efficaces font différemment
Les entreprises très efficaces investissent davantage dans la santé et la productivité que les organisations dotées de programmes moins efficaces, et obtiennent de meilleurs résultats. De plus, elles ne se concentrent pas uniquement sur la prévention en matière de santé physique, mais élaborent des programmes qui concernent à la fois la santé et les conditions de travail.
Selon les résultats du sondage, les employeurs dont les programmes de santé et de productivité sont efficaces prennent beaucoup plus de mesures pour lier la haute direction au succès des programmes, faire participer les employés à la gestion de leur santé grâce à des mesures incitatives, évaluer les résultats de leurs programmes, cibler les causes évitables des absences des employés et personnaliser les communications en fonction de groupes particuliers d’employés.
« Il est prouvé sans contredit que des programmes de santé et de productivité efficaces peuvent faire toute une différence dans les résultats d’une entreprise, ajoute Mme Poirier. De nos jours, les employeurs et les employés subissent une pression incessante, mais l’amélioration de la santé des employés constitue une occasion de faire en sorte que tous y gagnent. »