Malgré les coûts sans cesse croissants des médicaments d’ordonnance, les entreprises canadiennes qui offrent des régimes d’avantages sociaux sont lentes à adopter des solutions plus novatrices afin de gérer cette dépense, selon un sondage d’Aon Hewitt. Par conséquent, les coûts des médicaments continuent de gruger entre 60 % et 80 % des budgets des régimes de soins médicaux, et les entreprises se demandent si elles peuvent ou non continuer de fournir cette protection à leurs employés.

D’après les données du sondage, les coûts des médicaments d’ordonnance ont augmenté d’au moins 8 % par an au cours des dernières années, pour atteindre en moyenne 566 $ par demandeur et 1 013 $ par employé (y compris les demandes de règlement pour les personnes à charge) par an. Or, plusieurs des médicaments les plus couramment prescrits perdront prochainement la protection que leur confère leur brevet, ce qui se traduira vraisemblablement par la disponibilité de versions génériques moins coûteuses. De plus, un certain nombre de provinces ont adopté une législation régissant le prix des médicaments génériques, ramenant éventuellement leur coût à 25 % de celui des médicaments d’origine équivalents.

« Ces facteurs ont porté certains promoteurs à croire que les dépenses consacrées à leur régime d’assurance médicaments allaient diminuer même s’ils ne faisaient rien, explique Johanne Brosseau, conseillère principale d’Aon Hewitt à Montréal. Certaines entreprises sont plus proactives : 47 % des répondants au sondage éclair ont indiqué qu’ils s’assurent de réduire leurs coûts en imposant la substitution générique obligatoire. Nous nous attendions à un pourcentage plus élevé; toutefois, 30 % des répondants se sont dits prêts à envisager une telle mesure ».

Mené en janvier, le sondage a permis de recueillir l’opinion de 166 entreprises canadiennes concernant leurs stratégies actuelles et émergentes de contrôle des coûts de l’assurance médicaments.

Selon Mme Brosseau, le contexte des médicaments d’ordonnance est en transformation, et les promoteurs pourraient avoir intérêt à adopter une perspective à long terme dans l’élaboration d’une stratégie de gestion des coûts. « La quantité de médicaments biologiques en préparation est en hausse – ce qui est une excellente nouvelle pour les personnes atteintes d’affections chroniques, notamment la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, la maladie de Crohn et le lupus, ajoute-t-elle. Ces médicaments coûtent de 20 000 $ à 50 000 $ par an par ordonnance, et peuvent atteindre 100 000 $ pour certaines maladies rares, ce qui constitue un défi pour les entreprises. Celles-ci ont besoin de solutions abordables qui viennent en aide aux employés et aux membres de leur famille qui sont atteints de ces affections ».

Il existe plusieurs solutions que tous les promoteurs de régimes d’assurance médicaments d’ordonnance devraient mettre en œuvre dès maintenant afin de contrôler les coûts. D’autres mesures peuvent être appropriées selon l’utilisation du régime.

Des pratiques exemplaires aux nouvelles stratégies
Avant de mettre en œuvre toute solution pour endiguer les coûts, les promoteurs doivent passer en revue l’utilisation de leur régime d’assurance médicaments – et la plupart d’entre eux le font. En effet, 84 % des entreprises participantes analysent les données de leur régime au moins une fois par année et se servent de ces données pour prendre des décisions en matière d’initiatives de santé et de mieux-être, de conception de régime d’assurance maladie, et de budget et de planification des coûts.

L’analyse de l’utilisation des médicaments d’ordonnance et l’observation des tendances permettent aux entreprises de faire ressortir les sujets de préoccupation. Des analyses comparatives plus poussées et une modélisation des coûts prévus fournissent des données additionnelles. Munis de cette information, les promoteurs peuvent déterminer les modifications qui auraient la plus grande incidence sur les coûts actuels et futurs de leur régime d’assurance médicaments.

« Certaines solutions de gestion des coûts de l’assurance médicaments existent depuis un certain temps, explique Mme Brosseau. Outre la substitution générique obligatoire, 80 % des promoteurs ont déjà recours aux cartes médicaments à paiement direct et 12 % envisagent de le faire; 46 % encouragent le renouvellement d’ordonnance aux 90 jours, tandis que 36 % songent à le faire; enfin, 32 % exigent une autorisation préalable pour le remboursement de certains médicaments à coût élevé, et 34 % pourraient en faire autant. Ce sont là des exemples de stratégies axées sur les pratiques exemplaires que toutes les entreprises devraient envisager de mettre en œuvre ».

Un nombre moins élevé de promoteurs ont opté pour des approches plus avant-gardistes de gestion des coûts, notamment une liste gérée de médicaments, une coordination optimale avec le régime provincial, et l’éducation des employés par des messages ciblés sur certaines catégories de médicaments; il reste qu’au moins 30 % des répondants sont prêts à les envisager.

« Les autres stratégies ne sont pas aussi facilement disponibles et sont peu utilisées, mais constituent des tactiques que les promoteurs devraient surveiller pour l’avenir, conclut Mme Brosseau. Ainsi, moins de 10 % des répondants ont actuellement des ententes avec des pharmacies reconnues comme fournisseurs privilégiés, encouragent les commandes postales pour les médicaments chroniques, négocient des réductions, ou adoptent une approche de gestion des demandeurs à coût élevé. Ces stratégies pourraient donner lieu à des économies considérables au cours des prochaines années ».