En plus d’un gel salarial de deux ans, les fonctionnaires québécois doivent s’attendre à des modifications importantes à leur régime de retraite et à une diminution de leur banque de congés de maladie, selon l’offre déposée lundi par le gouvernement.

Selon la proposition de Québec, l’âge minimum pour l’obtention sans pénalité de la pension de retraite passera de 60 à 62 ans. De plus, le gouvernement veut que la rente soit calculée sur le salaire moyen des huit dernières années de travail plutôt que sur les cinq dernières, comme c’est le cas actuellement. La pénalité pour un départ anticipé serait aussi augmentée, passant de 4 % à 7,2 %.

Côté salarial, le gouvernement propose un gel de deux ans, puis une augmentation de 1 % pour chacune des trois années suivantes. Les syndicats demandaient de leur côté 13,5 % d’augmentation sur trois ans. Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, estime qu’« accepter les dernières demandes syndicales consisterait à augmenter de plus de 10,8 milliards de dollars la masse salariale de l’État sur une période de trois ans ».

La question des congés de maladie est aussi un enjeu majeur pour le gouvernement et les syndicats. Actuellement, les fonctionnaires ont droit à 12 congés de maladie par année et peuvent les cumuler indéfiniment s’ils ne les prennent pas. Certains employés pouvaient ainsi accumuler des mois de congé et les utiliser pour partir à la retraite plus tôt que prévu.

L’offre du gouvernement prévoit de diminuer le nombre de jours de congé de maladie de 12 à sept par an, tandis que les journées non prises ne pourront plus être accumulées. Elles seront plutôt remboursées à 70 % de leur valeur à la fin de chaque année.

Propositions mal accueillies par les syndicats

Le front commun syndical a exprimé sa « grande indignation » devant la proposition « méprisante » du Conseil du trésor.

« Le message que nous recevons aujourd’hui c’est que le gouvernement du Québec n’a aucun respect pour le travail des femmes et des hommes œuvrant dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services sociaux ainsi que de la fonction publique. Le Conseil du trésor ne nie pas l’existence d’un retard salarial, mais ne souhaite pas le réduire », a déclaré Louise Chabot, porte-parole du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP).

Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) a pour sa part qualifié de « ridicules, de déraisonnables et d’irrespectueuses les offres salariales anémiques que le gouvernement vient de proposer à ses employés ». « Subordonner la qualité de vie d’environ 550 000 employés de l’État au nom du retour à l’équilibre budgétaire relève d’une idéologie dangereuse, contraire au souhait du premier ministre de teinter ses relations de respect et d’ouverture », a dénoncé le président du SPGQ, Richard Perron.

De son côté, la Coalition Avenir Québec considère que le gouvernement Couillard fait fausse route en voulant geler les salaires des employés de l’État, plutôt que de s’attaquer au nombre d’employés.

Le porte-parole pour le Conseil du trésor, Claude Surprenant, rappelle que 220 000 employés, sur près de 570 000, ne donnent pas de services directs à la population et travaillent dans les services administratifs. « Une très grosse part des économies possibles se retrouve dans les structures. Il faut donc profiter des départs à la retraite de ces employés administratifs pour abaisser le nombre d’employés et réduire la taille des structures. Nous pourrons ainsi diminuer la pression sur nos finances publiques », explique-t-il.

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