L’augmentation des demandes de règlement liées à des médicaments de plus en plus coûteux pour traiter l’obésité et le diabète continue de représenter un défi majeur pour les régimes privés d’assurance médicaments, selon le bulletin de santé 2025 de Beneva.

Entre mai et décembre 2024, Beneva a remboursé la somme de 10,2 millions de dollars en demande de règlement pour le médicament anti-obésité Wegovy. L’assureur prévoit que ce montant atteindra 25 M$ pour l’ensemble de l’année 2025, ce qui représente de 5 % à 6 % des coûts totaux de médicaments. À titre comparatif, en 2019, les médicaments utilisés dans le traitement de l’obésité ne représentaient que 0,84 % des coûts totaux de médicaments, selon les données de Beneva.

Les régimes privés d’assurance médicaments doivent s’attendre à une hausse des dépenses en médicaments anti-obésité dans les prochaines années en raison d’une forte croissance de la prévalence de la maladie dans la population. Celle-ci a plus que doublé en 30 ans au Canada. La hausse est particulièrement préoccupante chez les jeunes : 27 % étaient en surpoids ou obèse en 2021 au pays.

Si les coûts liés au remboursement de Wegovy et des autres médicaments pour traiter l’obésité sont élevés, Beneva souligne néanmoins que ces molécules génèrent des économies à long terme en réduisant les comorbidités. Des études ont également montré que la perte de poids peut diminuer l’anxiété et la dépression, ce qui se traduit par une baisse de l’absentéisme et une productivité accrue.

L’assureur souligne néanmoins qu’une stratégie holistique est nécessaire dans la gestion du poids et doit miser sur des changements durables en matière d’alimentation et d’activité physique. La couverture par les régimes d’assurance collective de services complémentaires de diététistes, de kinésiologues, de physiothérapeutes et de psychothérapeutes permet de maximiser les chances de succès du traitement.

L’usage de médicaments à base de sémaglutide pourrait par ailleurs s’étendre à d’autres champs thérapeutiques. En 2024, Santé Canada a approuvé l’utilisation de Wegovy pour prévenir les crises cardiaques. La molécule pourrait éventuellement être employée dans le traitement de l’apnée, du cancer ou même de l’Alzheimer. Les régimes privés d’assurance médicaments doivent donc s’attendre à devoir rembourser le sémaglutide pour davantage de problèmes de santé au cours des prochaines années.

Cela dit, Beneva souligne que l’émergence d’options concurrentes ou équivalentes aux médicaments existants pourrait faire baisser les coûts et rendre ces traitements plus abordables.

Le diabète poursuit sa montée

Souvent liée à l’obésité, le diabète de type 2 exerce également une pression de plus en plus forte sur les coûts des régimes d’assurance collective. Les experts de Beneva ont observé une augmentation annuelle de 3,75 % des cas de diabète chez les participants de leurs régimes au cours des neuf dernières années. Cette croissance est principalement attribuable au diabète de type 2, dont l’incidence moyenne a progressé de 4,7 % entre 2015 et 2024. Aujourd’hui, 8 % des enfants nouvellement diagnostiqués ont moins de 10 ans, une hausse accentuée par la montée de l’obésité infantile qui atteint 12 % chez les 5 à 17 ans.

En matière de coûts pour les régimes, un assuré diabétique réclame en moyenne 3,7 fois plus qu’un non-diabétique (3 300 $ contre 900 $ par an). Cette hausse de coût s’explique en partie par la démocratisation des technologies de surveillance de la glycémie en continu, dont les coûts annuels se situent entre 3 500 $ et 4 500 $ par participant. En 2017, à peine 0,17 % des assurés diabétiques de Beneva utilisaient de tels dispositifs, comparativement à près de 12 % en 2024.

Malgré les coûts élevés de cette technologie, l’assureur souligne que ces appareils facilitent l’adhésion au traitement et peuvent réduire les complications et améliorer la qualité de vie des patients, tout en diminuant les coûts à long terme pour les preneurs d’assurance collective.

Certaines innovations en matière de médicaments et d’options de traitement pour le diabète risquent de faire augmenter les coûts pour les régimes, mais pourraient également permettre de réaliser des économies en long terme en réduisant les complications et en favorisant un engagement accru des participants au travail. Parmi ces innovations, Beneva cite l’insuline à action prolongée, disponible depuis peu, ainsi que l’insuline orale sous forme de capsule ou de gouttes libérée directement dans l’intestin grêle, qui n’est pas encore offerte au Canada. Des injections sans aiguilles déposant l’insuline liquide sous la peau par compression pourraient également être bientôt offertes au Canada.

En matière de médicaments, l’approbation de Moujaro en 2024 suscite un vif intérêt, mentionne Beneva. En plus de réguler la glycémie, ce médicament favorise une perte de poids importante chez de nombreux patients et pourrait donc représenter une alternative convaincante à Ozempic.