Parmi les pays-membre de l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE), ce sont les pays européens qui verront leurs dépenses liées à l’âge augmenter le plus d’ici 2050. Selon un rapport publié par l’OCDE, le Canada, les États-Unis, l’Australie et le Mexique, qui font partie de la moitié la plus jeune des États-membre de l’organisme et qui devraient toujours en faire partie en 2050, verront surtout augmenter les coûts liés à la santé et aux soins de longue durée.

Des solutions pour réduire les coûts de la retraite
Selon l’OCDE, en 2010, 8,5 % des revenus nationaux de ses pays-membres étaient consacrés à financer les régimes de retraite publics. Ce pourcentage pourrait doubler d’ici 2050. Cependant, étant donné que le revenu de retraite totalise 60 % du revenu total d’un retraité, certaines mesures que prendront les gouvernements pourraient avoir comme conséquence une augmentation de la pauvreté des retraités.

En effet, affirme l’OCDE, « beaucoup de réformes de systèmes de retraite se solderont par de fortes réductions des niveaux de prestations pour un âge donné de départ en retraite ». L’organisme a analysé la situation dans 15 pays et en a conclut que « les réformes consisteront à réduire les prestations de près de 20 % en moyenne, ce qui risque d’entraîner une réapparition de la pauvreté chez les personnes âgées. Ce risque est d’autant plus élevé que les inégalités salariales se creusent dans les pays de l’OCDE, accentuant par la même les inégalités au niveau des retraite », peut-on lire dans le rapport.

L’OCDE affirme également que si les États tardent trop à mettre en place les réformes nécessaires, ces dernières n’en seront que plus brutales et lourdes de conséquence. L’organisation internationale cite en exemple les réformes imposées par les institutions européennes et internationales à la Grèce et à l’Irlande et leurs conséquences. Selon l’OCDE, « ce type de changement brutal – même s’il est inévitable vu les circonstances, ne permet guère aux intéressés, surtout ceux qui sont en milieu ou en fin de carrière, de choisir de nouvelles options en matière d’emploi, de retraite et d’épargne pour s’adapter aux nouvelles réalités financières ».

Appliquer des réformes sans hypothéquer la pérennité financière
L’OCDE propose trois solutions pour y arriver. La première est, comme le proposait récemment le FMI, l’allonger la vie active, ce que plusieurs de ses membres ont déjà fait ou sont en train de faire. Mais, pour l’OCDE, il faudra quand même que les États luttent « contre les attitudes négatives à l’égard des travailleurs âgées et leur fournir davantage de possibilités de formation ainsi que des conditions de travail adaptés à leurs besoins ». L’organisme ajoute que certaines fausses idées circulent quant aux travailleurs âgés, puisqu’« on aurait tort de croire qu’en maintenant les travailleurs âgés dans la vie active, on réduit les possibilités d’emplois pour les jeunes ».

Il existe certaines solutions alternatives au relèvement de l’âge de la retraite. Par exemple, certains pays imposent des niveaux de prestations : plus les retraités vivront longtemps, plus leurs prestations diminueront, sauf si le retraité décide de prendre une retraite tardive. L’OCDE estime d’ailleurs qu’une personne qui prendra sa retraite en 2050 touchera des prestations de 15 à 20 % moins élevées que quelqu’un qui a pris sa retraite en 2010.

Pour l’OCDE, le relèvement de l’âge de la retraite permettra donc d’assurer la pérennité financière, puisque la période durant laquelle les retraités toucheront leurs prestations de retraite sera moins longue et que celle où ils cotiseront et paieront des impôts s’allongera.

Cibler les prestations de retraite publique
L’OCDE fait remarquer dans son rapport que les deux pays qui ont le plus bas taux de pauvreté chez les personnes âgées, soit le Canada et les Pays-Bas, sont ceux qui consacrent le moins aux retraites publiques (4 à 5% environ), alors que des pays comme l’Espagne ou la Grèce, où un retraité sur cinq est pauvre, même si ces pays consacrent une part importante de leur PIB dans les régimes de retraite publics.

Pourquoi de tels écarts? Selon l’OCDE, cela est dû à une plus grande redistribution des prestations de retraite et une couverture plus importante des régimes privés. L’organisme met cependant en garde les pays qui voudraient mettre en place un système comme celui du Canada ou des Pays-Bas : « s’ils s’orientaient dans cette direction, certains pays auraient à redéfinir la philosophie qui sous-tend leurs systèmes de retraite, puisque cela implique un affaiblissement du lien entre cotisations individuelles et prestations. »

Encourager l’épargne privée
Finalement, l’OCDE suggère à ses États-membres d’encourager leur population active à épargner de leur côté, pour compenser les réductions des régimes de retraite publics. Par exemple, certains pays imposent avec succès la participation à des régimes de retraite privée pour les employés.

Même si la confiance dans les régimes privés a été effritée par la crise économique, « les gouvernements devraient garder ouverte l’option consistant à rendre obligatoire la constitution de retraite privée si l’affiliation automatique et d’autres mesures ne permettent pas d’accroître de façon permanente la part de la couverture privée ou si le coût des incitations financières s’avère prohibitif », ajoute l’OCDE dans son rapport.

Le financement des retraites
Comment doit financer les régimes de retraite? L’OCDE s’est aussi posé la question. Faut-il donc adopter un système de répartition ou un système de préfinancement des retraites? L’organisme économique ne favorise ni l’un, ni l’autre, étant donné qu’aucun n’est foncièrement meilleur que l’autre et qu’il serait imprudent de ne se fier qu’à un mode de financement, compte tenu de l’incertitude et des risques.

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