Plusieurs dizaines de protestataires ont envahi la salle du conseil municipal de Montréal lundi soir, pour exprimer leur opposition au projet de loi sur les régimes de retraite des municipalités.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, et le chef de l’opposition, Richard Bergeron, ont tous deux condamné la tournure prise par la manifestation, à la reprise de la séance du conseil. De nombreux papiers jonchant le sol témoignaient des événements qui venaient de se dérouler. Certains manifestants auraient cerné la place du premier magistrat de la ville tandis que d’autres auraient lancé des verres en direction des élus.

« C’est fou ce qu’ils faisaient. Ils ont lancé des verres, il y a des conseillères qui en ont reçu. Ils étaient lancés d’en haut (des tribunes). C’est un méfait. Je suis allé à mon bureau, ils ont essayé de venir, ils ont cassé des vitres et enlevé l’air climatisé », a révélé le maire Coderre, au terme de la séance du conseil.

M.Coderre a indiqué qu’il n’acceptera pas de se laisser intimider dans ce dossier. Lançant un appel au calme, il a déclaré que ce n’est pas en faisant des gestes comme ceux-là que le dossier des régimes de retraite se règlera.

De son côté, M. Bergeron a ajouté que ces gestes « avaient dépassé la simple intimidation ». Selon lui, le capital de sympathie que pouvaient avoir les syndiqués auprès de la population « a fondu ».

Plusieurs pompiers, des cols blancs, des cols bleus et d’autres membres de la Coalition syndicale pour la libre négociation s’étaient mêlés à la manifestation, selon le porte-parole du Regroupement des Associations de pompiers du Québec, Alexandre Dumas.

La police n’a pas voulu commenter les critiques de certains élus qui ont affirmé que des policiers sont restés les bras croisés face aux manifestants. Le Service de police de la ville de Montréal a confirmé en milieu de soirée qu’aucune arrestation n’a été effectuée. Un porte-parole du SPVM, Manuel Couture, a indiqué néanmoins que la police est « à analyser l’étendue des gestes qui ont été posés. »

Le président du syndicat des cols bleus de Montréal, Michel Parent, a refusé de dire s’il souhaitait voir les auteurs de possibles délits être placés en état d’arrestation. Selon lui, environ 200 personnes sont entrées dans l’hôtel de ville et il juge que les gestes qui ont été faits sont « déplorables et déplacés ».

« Il y a des gens qui sont entrés et qui ont lancé des papiers dans les airs. Ce que j’ai vu, c’est que c’était des conventions collectives des pompiers », a indiqué M. Parent, sans vouloir identifier les personnes qui pouvaient avoir commencé ce coup d’éclat.

« Je suis loin d’être sûr que ce sont mes membres. J’avais 50 membres et ils étaient autour de moi. Ce n’est rien pour aider la cause. Les médias vont parler plus de ça que du fond du dossier », a-t-il ajouté.

Ronald Martin, président de l’Association des pompiers de Montréal, était de la manifestation à l’extérieur de l’hôtel de ville. Il n’a pas pénétré dans le bâtiment, mais il dit comprendre la colère de ses membres. « Il n’y avait pas de commandes de notre association. Mais ce n’était pas de l’intimidation, il ne faut pas tomber dans des dérapages de mots. Ça montre simplement que les membres sont choqués. Les gars se sentent volés », a-t-il indiqué.

Rapidement, la Coalition syndicale pour la libre négociation s’est dissociée de cette manifestation-surprise. Son porte-parole Marc Ranger a admis en entrevue à La Presse Canadienne que ce coup d’éclat nuira probablement à la suite des discussions avec le gouvernement.

Le projet de loi 3 a suscité la grogne des employés municipaux à travers la province, qui ont tenu plusieurs manifestations ces dernières semaines. La commission parlementaire sur le projet de loi débute mercredi 20 août.

Le gouvernement propose notamment de donner 12 mois aux parties pour s’entendre sur le partage à parts égales des déficits passés des caisses de retraite.

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