La chute des rendements boursiers et des rendements obligataires causée par la pandémie de COVID-19 frappe de plein fouet les régimes de retraie à prestations déterminées canadiens, qui ont dû encaisser les pires pertes de solvabilité en plus d’une décennie lors du premier trimestre de l’année.

Le ratio de solvabilité médian des régimes a dégringolé de 13 points de pourcentage depuis la fin de 2019, ce qui le situe à 89,1 %, selon les dernière donnée d’Aon. À la mi-mars, celui-ci a même descendu jusqu’à 85,7 %, mais a légèrement remonté depuis. Le niveau de santé financière des régimes canadiens n’a pas été aussi bas depuis le troisième trimestre de 2016. À la fin de 2019, le ratio de solvabilité médian atteignait 102,5 %.

« Le premier trimestre de 2020 s’annonce comme le pire depuis plus d’une décennie pour les régimes de retraite canadiens, et peut-être même de tous les temps, pour les marchés financiers, constate Claude Lockhead, associé exécutif des Solutions pour la retraite chez Aon. La volatilité et la baisse des prix des actifs auront sans aucun doute des répercussions sur les stratégies de gestion de risque des promoteurs de régimes de retraite et sur leur trésorerie. Si ce n’est déjà fait, les promoteurs doivent mettre à jour leurs projections de trésorerie et revoir leur gestion de risque. »

Cela dit, Claude Lockhead recommande tout de même aux régimes de rester fidèles à leurs stratégies de gestion de risque et d’éviter de réagir de manière excessive à des conditions de marché qui sont encore en évolution.

Un trimestre cruel pour l’ensemble des actifs

Les rendements des obligations canadiennes de référence à 10 ans ont chuté de 91 points de base au premier trimestre, tandis que les rendements des obligations à long terme ont baissé de 38 points de base. La chute des rendements a fait monter les prix, mais pas assez pour compenser l’impact négatif sur le passif des régimes, qui a augmenté de 6,3 %. L’indice obligataire à long terme FTSE canadien a gagné 0,2 %, alors que l’indice obligataire universel FTSE canadien a gagné 1,6 %.

Du côté des marchés boursiers, tous les indices ont fortement baissé au cours du trimestre : MSCI Marchés émergents (- 16,1 %), MSCI EAFE international (- 15,3 %), S&P 500 (- 11,8 %), MSCI World mondial (- 13,3 %) et le S&P/TSX composite (- 20,9 %).

Ce sont toutefois l’immobilier mondial (- 21,6 %) et les infrastructures mondiales (- 22,4 %) qui ont enregistré les pires chutes.

Dans l’ensemble, le rendement médian des actifs à la fin du premier trimestre était de – 6,6 %, contre + 1,6 % au quatrième trimestre de 2019.

« Mars a peut-être été le mois le plus cruel pour les actions, mais nous ne sommes pas sûrs que la volatilité ait pris fin, prévient Erwan Pirou, directeur des placements chez Aon. Dans ce contexte, il est logique que les promoteurs de régimes de retraite envisagent de rééquilibrer leurs portefeuilles pour revenir à leurs objectifs, bien que les conditions de liquidité restreintes signifient qu’ils doivent être très prudents dans leurs transactions. »

À court terme Aon, prévoit une suppression du rendement des obligations et la poursuite de la volatilité des obligations.