Les économistes et gestionnaires de caisses de retraite de premier plan au Canada prévoient une légère croissance en 2012, ainsi qu’un maintien des taux d’intérêt bas, d’une inflation modérée et de la morosité des marchés financiers. Ces conditions provoqueront probablement de nouveaux problèmes pour le provisionnement des régimes de retraite à prestations déterminées (PD) traditionnels au Canada, d’après les résultats de l’Enquête sur les prévisions économiques de Towers Watson.

En majorité, les répondants s’attendent à ce que le taux du financement à un jour de la Banque du Canada se maintienne dans un creux historique en 2012, flottant entre un demi et un pour cent, et à ce que les taux d’intérêt restent en dessous d’un demi pour cent aux États-Unis. Les taux d’intérêt au Canada devraient augmenter pour s’établir à 2,5 % entre 2013 et 2016, et à 3,5 % après 2017. Aux États-Unis, on s’attend à ce que le taux directeur soit porté à 1 % à moyen terme et à 3 % à long terme.

« Compte tenu de la quasi-parité entre le dollar canadien et le dollar américain, les caisses de retraite ont pu chercher des actifs aux quatre coins du monde. Toutefois, le creux record des taux obligataires à long terme fait obstacle à la mise en œuvre de solutions à la crise de la capitalisation des régimes de retraite, affirme Dany Lemay, conseiller principal, Investissement de Towers Watson. Étant donné la mauvaise performance des marchés ces dernières années, beaucoup de répondants de régimes se sont vus obligés d’effectuer des cotisations de provisionnement additionnelles pour combler les déficits – et ils sont préoccupés par la meilleure façon de répartir cet argent pour produire les rendements dont ils ont besoin. »

Légère croissance au Canada et aux États-Unis pour 2012
Le taux de croissance de l’économie canadienne devrait tourner autour de 2 % en 2012, tandis que le taux de croissance du PIB des États-Unis devrait être de 1,8 %. À moyen terme, on s’attend à ce que la croissance du PIB du Canada et des États-Unis accélère pour s’établir à 2,5 % et 2,4 % respectivement, laissant voir une amélioration mais sans atteindre la tendance à long terme, surtout aux États-Unis. L’inflation au Canada devrait rester modérée, à 2 %, augmentant à long terme pour s’établir à 2,5 %.

Une question fondamentale en 2012 est de savoir si les marchés boursiers peuvent rebondir après une année 2011 moins que spectaculaire. Toutes les inquiétudes que soulèvent la situation de l’euro, les déficits aux États-Unis et en Europe et le ralentissement de la croissance en Asie assombrissent les perspectives des investisseurs. En majorité, les répondants au sondage s’attendent à ce que les marchés américains et canadiens produisent des rendements d’environ 8 %, bien que certains estiment qu’ils puissent être plus faibles. Les participants à l’Enquête restent préoccupés par l’Europe et prévoient que les marchés boursiers internationaux n’afficheront qu’un rendement d’environ 5 %. Les marchés émergents semblent constituer le seul élément heureux, alors que la plupart des répondants y attendent des rendements supérieurs à 10 %.

Pour les répondants de régimes de retraite, les perspectives constituent un défi. « Dans un monde où les marchés fluctuent, les caisses de retraite cherchent plus que jamais des sources de rendement stable – que ce soit au moyen de stratégies de « rendement absolu », de placements non-traditionnels, notamment l’immobilier et les infrastructures, ou en faisant appel à des gestionnaires qui sont plus susceptibles d’obtenir un rendement supérieur, déclare Gilles Lavoie, conseiller principal, Investissement de Towers Watson. Dans le contexte actuel, les répondants de régimes songent également à réduire le niveau de risque. Comme le fait remarquer M. Lavoie, « la réduction du niveau de risque peut comprendre des modifications à la conception du régime, ce qu’envisagent un certain nombre de répondants, même si le passif restera une source d’inquiétude pendant plusieurs années à venir. »

Que les marchés soient à la hausse ou à la baisse en 2012, les forces du marché ont peu de chances à elles seules d’améliorer le sort des répondants de régime PD. Compte tenu des projets de réforme du système de la retraite actuels, il sera peut-être plus facile de trouver un allègement de la capitalisation auprès des instances législatives que dans les rendements financiers.