L’élargissement du Régime des rentes du Québec (RRQ) et du Régime de pensions du Canada (RPC) aux travailleurs qui n’ont pas de régimes de retraite en entreprise fait débat. L’Institut C.D. Howe met en garde ceux qui veulent aller de l’avant. Selon l’Insitut, il ne faut pas se laisse aveugler par les bons résultats et l’impression de viabilité de ces régimes. Le RRQ et le RPC n’ont pas de prestations garanties : les prestations sont ciblées et doivent être considérées comme telles selon C.D. Howe.

« Si on veut considérer le RRQ et RPC comme des régimes à prestations déterminées, il faudrait que les rendements du capital investi soient plus élevés qu’ils ne le sont présentement et il faudrait que la répartition des investissements soit autre », écrit William Robson, président et directeur-général de l’Institut C.D. Howe, dans un rapport intitulé Don’t Double Down on CPP : Expansion Advocates Understate the Plan’s Risk (Ne pas doubler la mise du RPC : les défenseurs de l’élargissement sous-estiment les risques du régime).

« Les prévisions qui sont fondées sur le rendement réel actuel des bons du Trésor fédéral nous prouvent que, élargissement ou non, le RPC ne sera pas en mesure d’honorer ses engagements si les cotisations se maintiennent au taux actuel de 9,9 %. Il faudrait plutôt que les contribuables canadiens cotisent à raison de 11 % pour éviter les coupes de prestations de retraite. Élargir le RPC mettra en relief de nouveaux enjeux et le pari serait beaucoup plus risqué que ce que croit une majorité de Canadiens », ajoute M. Robson.

Le plus récent rapport actuariel du RPC, fondé sur la dernière entente de financement du régime, démontre que le RPC est en bonne santé financière et que les Canadiens n’ont pas à s’inquiéter :

  • le nombre de contribuables devrait passer de 12,6 millions en 2010 à 14,3 millions en 2020;
  • les cotisations annuelles devraient passer de 37 milliards $ en 2010 à 56 milliards $ en 2020;
  • le paiement des pensions totalisait 72 % du total des dépenses du régime en 2010. Il devrait atteindre 82 % en 2050.

Malgré ce que révèlent ces données, William Robson affirme que ce sont ce genre de chiffres qui trompent les gens, qui les amènent à penser que le RPC est « entièrement financé », dans le sens propre de cette expression. Selon lui, ce n’est pas vrai que le RPC est viable financièrement : « le RPC n’est pas, et n’a jamais été pensé pour être entièrement financé », avance-t-il.

M. Robson explique plus en détail ce que signifie pour lui un régime entièrement financé. « En ce qui concerne un RPC « entièrement financé », cette expression fait référence à la capacité de payer tous ses engagements actuels ou, dans le cas d’un RPC élargi, la capacité de payer toutes les prestations de retraite sans pour autant modifier le taux de cotisation (9,9 %) sur une période de 70 ans. Ces prévisions se basent sur l’hypothèse que le rendement net des investissements du RPC serait de 4 %, un rendement que ce qu’offre les titres associé à la dette publique fédérale. »

Plutôt que d’augmenter les prestations du RPC, Robson propose une autre solution afin que les Canadiens puissent avoir d’autres perspectives de retraite avantageuses. Il propose, par exemple, d’élargir l’accès aux régimes de retraite professionnels à faible coût pour les travailleurs qui ne participent à aucune caisse de retraite. Il suggère également aux travailleurs d’épargner plus en vue de la retraite.

M. Robson admet que toutes les options envisagées comportent des défis qui leur sont propres, mais il revient à la charge en précisant que « le RPC est un pari risqué, et pas une garantie de succès. L’élargir signifierait courir les mêmes risques qu’avant, mais à plus grande échelle. »

Ce texte est adapté d’un article paru sur BenefitsCanada.com. Traduction par Anaïs Chabot.