Selon Aon Hewitt, plusieurs employeurs qui offrent un régime de retraite à prestations déterminées pourraient devoir verser au moins deux fois plus de cotisations au régime cette année pour satisfaire aux exigences de solvabilité. Le ratio de provisionnement moyen des régimes sur base de solvabilité, c’est-à-dire le ratio de la valeur marchande de l’actif par rapport au passif, est d’environ 15 % moins élevé cette année qu’au début de 2011, en raison de la baisse des taux d’intérêt et de la chute des marchés boursiers. Comme le ratio de solvabilité de ces régimes se situe seulement autour de 68 pour cent, alors qu’il était d’environ 83 % il y a un an, les promoteurs qui déposeront une évaluation actuarielle de leur régime cette année devront verser des cotisations supplémentaires pour se conformer aux règles relatives au financement minimal garantissant les rentes promises en vertu des régimes PD. En conséquence, il est possible que les employeurs fassent pression sur les organismes de réglementation afin qu’on leur accorde d’autres mesures d’allègement, en l’absence de telles mesures.
Toutefois, ce ne sont pas tous les promoteurs de régimes PD qui verront leurs cotisations augmenter. Selon André Choquet, un conseiller en gestion de placements d’Aon Hewitt, les organisations qui ont pris les mesures nécessaires pour gérer l’exposition au risque de leur régime ont probablement obtenu un meilleur ratio de provisionnement que les autres. «Selon le régime et l’approche adoptée, les promoteurs pourraient constater que le ratio de solvabilité de leur régime a baissé considérablement moins que 15 pour cent au cours de la dernière année, ou pas du tout. »
Élaboration d’un plan d’action
André Choquet a présenté certaines des mesures que les promoteurs de régimes auraient pu avoir prises au début de 2011 et de leurs répercussions éventuelles sur le ratio de solvabilité de leur régime :
1 • Prendre moins de risque : si les promoteurs avaient augmenté le portefeuille d’obligations et réduit le portefeuille d’actions du régime, la baisse du ratio de solvabilité aurait été moins importante. Une augmentation du portefeuille d’obligations de 40 à 60 % aurait entraîné une baisse du ratio de solvabilité de seulement 71 %, au lieu de 68 %. Selon André Choquet, « Même si un écart de trois pour cent semble être minime, cela correspond à une insuffisance de 3 M$ de moins pour un régime de retraite de 100 M$. »
2 • Établir un meilleur appariement entre la durée des obligations et la durée du passif : les régimes de retraite ont habituellement un portefeuille d’obligations universelles d’une période variant principalement entre cinq et dix ans. Le remplacement par un portefeuille d’obligations à long terme avec échéance entre 10 et 30 ans permet un meilleur appariement avec les flux financiers du passif du régime et aide le passif et l’actif à réagir en tandem lorsque les taux d’intérêt fluctuent. Si les promoteurs avaient pris cette mesure en 2011, leur régime de retraite aurait obtenu un ratio de solvabilité de 72 %.
3 • Adopter une approche comportant moins de risque ou d’obligations de longue durée : la mise en œuvre de ces deux mesures auraient permis d’obtenir un ratio de solvabilité d’environ 77 % à la fin de 2011.
M. Choquet estime que pour connaître une baisse nulle ou faible du ratio de solvabilité de leur régime, il aurait fallu que les promoteurs éliminent tous les risques de placement du régime ou investissent dans des produits dérivés, c’est-à-dire des placements qui sont encore plus sensibles aux variations des taux d’intérêt que les obligations ordinaires. Les promoteurs ont historiquement évité de telles mesures, en partie à cause des faibles taux d’intérêt en cours.
Prévisions pour 2012
Comme l’affirme M. Choquet, étant donné qu’il y aura une plus grande incertitude au cours de l’année qui vient, tous les promoteurs de régimes PD devraient revoir leur approche de gestion du risque dès maintenant pour éviter d’avoir à verser des cotisations supplémentaires à la fin de 2012. « En plus des diverses stratégies de placement décrites ci-dessus, les organisations devraient revoir la conception, le politique de financement et la stratégie de cotisation de leur régime.»
Les politiques de placements dynamiques sont également de plus en plus fréquentes. « Ces politiques dynamiques, en particulier celles visant la réduction du risque à mesure que le ratio de provisionnement du régime s’améliore, permettent de réduire le risque et les coûts à long terme du régime, tout en réduisant l’importance de l’élément émotionnel dans la prise de décision de la répartition de l’actif. De telles politiques peuvent être adaptées aux faibles taux d’intérêt, assurant ainsi une certaine protection contre les baisses, tout en laissant un peu de place à l’amélioration si les taux d’intérêt augmentent », a conclu M. Choquet.