
Alors que les employeurs incitent de plus en plus leurs employés âgés à retarder le moment de leur départ à la retraite, certains jeunes professionnels empruntent une voie totalement opposée en quittant le travail à un très jeune âge.
Particulièrement en vogue en Allemagne, le mouvement des « frugalistes » taille en pièces le concept traditionnel de retraite. « C’était il y a quatre ans: j’ai constaté que je n’avais plus besoin de mon salaire. Je n’étais plus obligé de travailler. Alors j’ai quitté mon emploi », raconte à l’Agence France-Presse, Lars Hattwing, un berlinois de 47 ans.
Il n’a cependant pas pris cette décision sur un coup de tête. Dans les dix années précédant sa « retraite anticipée », l’ancien météorologue a mis en place une stratégie d’épargne drastique pour pouvoir réaliser son rêve de se libérer de son emploi à temps plein.
« Pendant un an ou deux, j’ai été vraiment extrêmement pingre, confie-t-il. J’évitais d’allumer la lumière chez moi, je surveillais régulièrement le compteur, j’achetais la nourriture la moins chère. »
Oliver Noelting, lui, raconte en détails sur son blogue chacune des étapes qui le mèneront vers la liberté financière. Programmeur de logiciel de 29 ans, il envisage de quitter son emploi vers l’âge de 40 ans pour faire « autre chose ».
Une vie modeste
Bien que fort populaire en Allemagne, le mouvement des frugalistes est né aux États-Unis, où il est connu sous l’acronyme FIRE (financial independance/early retirement).
Pour pouvoir cesser de travailler aussi jeune, les adeptes de ce mouvement adoptent un mode de vie des plus modestes : pas de voiture, de grands appartements dans les quartiers branchés ou encore de vêtements griffés.
« Un frugaliste vit durablement en dessous de ses moyens avec l’objectif d’atteindre l’indépendance financière pour, au bout du compte, réaliser un rêve ou un souhait particulier », explique Lars Hattwig.
Pour l’auteure Gisela Enders, qui a écrit un livre sur le sujet, l’objectif ultime des frugalistes est de se libérer de leur peur existentielle liée à l’argent, à la perte d’un emploi ou alors au stress professionnel.
Le mouvement des frugalistes compte cependant de nombreux détracteurs, surtout dans une Allemagne vieillissante qui cherche désespérément des solutions pour financer son système de retraite public. Alors qu’un relèvement de l’âge de la retraite à 69 ou 70 ans (il est de 67 actuellement) est même envisagé, les travailleurs qui choisissent volontairement de ne plus verser de cotisations sociales à un jeune âge font l’objet de maintes critiques.
« D’accord, j’aurai moins cotisé pour l’assurance vieillesse, mais je ne veux pas de retraite payée par l’État », se défend Oliver Noelting.
Le véritable problème auquel la société allemande devrait sans doute s’attaquer, c’est le fait que des jeunes travailleurs dans la vingtaine en viennent à souhaiter arrêter de travailler à 40 ans, soutient Gisela Enders. « Nous devrions plutôt réfléchir à la qualité de vie professionnelle qu’offre aujourd’hui notre société. »