L’utilisation des fonds à date cible dans les régimes de retraite à cotisation déterminée (CD) du Royaume-Uni privera l’économie britannique de 25 milliards de livres sterling (44 milliards de dollars canadiens) au cours des cinq prochaines années, selon le gestionnaire d’actif Columbia Threadneedle.

Les fonds à date cible, dont le niveau de risque diminue à mesure que les participants approchent de la retraite, « sapent les efforts du gouvernement pour stimuler le financement des entreprises britanniques cotées en bourse, des start-ups et des infrastructures », déplore Christopher Mahon, responsable du rendement réel dynamique chez Columbia Threadneedle. Selon lui, les épargnants perdent 12 000 livres (21 000 $) sur une pension moyenne de 107 000 livres (189 000 $) sur cinq ans en raison de « l’aversion au risque » des fonds à date cible.

Avant 2015, les participants de régimes CD britanniques avaient l’obligation d’acheter une rente au moment de leur départ à la retraite, rapporte Bloomberg. Le principe de réduction des risques était donc justifié, plaide M. Mahon. Mais cette règle n’existe plus aujourd’hui. Pourtant, le niveau de risque des portefeuilles CD est encore progressivement réduit au cours des cinq à dix années précédant le départ à la retraite, la part des actions étant ramenée en moyenne de 75 % à 25 % au profit des obligations et des liquidités, selon l’analyse du gestionnaire de portefeuille.

Les épargnants plus âgés ont généralement 4 % de leurs actifs investis sur le marché boursier britannique, contre 9 % pour les épargnants plus jeunes, a calculé M. Mahon à partir de données officielles. Le Pension Policy Institute a estimé que les actifs des régimes CD atteindront 1,3 billion de livres sterling (0,7 billion de dollars canadiens) d’ici 2030, dont les deux cinquièmes sont détenus par des épargnants plus âgés.

Si la répartition en actions des participants âgés demeurait la même que celle des participants plus jeunes, soit 9 %, Christopher Mahon calcule que cela dégagerait 25 milliards de livres sterling pour des investissements productifs en sol britannique d’ici 2030. Selon lui, les régimes CD australiens, dont les deux tiers évitent les stratégies à date cible, obtiennent des rendements plus élevés que leurs homologues britanniques. La proportion d’investissement dans les actifs nationaux y est aussi nettement plus élevée.

Callum Stewart, responsable du développement des propositions d’investissement à Standard Life, tempère les propos de M. Mahon en insistant sur le fait que l’approche des fonds à date cible est beaucoup plus sophistiquée aujourd’hui qu’elle ne l’était autrefois et qu’ils demeurent un puissant outil de gestion des risques par la diversification. Il met aussi en garde contre les comparaisons avec l’Australie, où, selon lui, c’est surtout « l’augmentation des cotisations des salariés qui permettent aux fonds d’adopter des stratégies d’investissement à long terme ».

L’an dernier, le gouvernement britannique s’est engagé à stimuler la croissance économique en consolidant les petits régimes CD dans des « mégafonds », ce qui, espère-t-il, favorisera le déploiement de capitaux dans de grands projets britanniques.