L’année 2015 aura été plutôt pénible pour les régimes de retraite à prestations déterminées (PD) canadiens, qui ont vu leur solvabilité chuter de 3 %, selon l’enquête annuelle sur la solvabilité des régimes de retraite d’Aon. Le déclin du dollar canadien a néanmoins permis de sauver les meubles.

Le ratio de solvabilité médian au 16 décembre 2015 était de 87,6 %, un niveau inférieur au ratio de solvabilité à la fin de 2014 (90,6 %). Seuls 11,8 % des régimes analysés dans le cadre de l’enquête étaient plus qu’entièrement provisionnés, une baisse de 6,7 % par rapport à 2014.

L’effet de la chute du dollar

La dépréciation du huard, qui a perdu 20 % de sa valeur comparativement à la devise américaine en 2015, a eu un effet favorable sur les investissements américains et mondiaux des régimes de retraite. Alors que les actions canadiennes ont reculé de 7,4 %, les actions mondiales et américaines ont crû de respectivement 18,7 % et 22,7 %, en dollar canadien.

Une grande partie de ces gains sont cependant attribuables au déclin de la devise canadienne. Si celle-ci était demeurée stable, les actions américaines et internationales auraient livré de faibles rendements à un chiffre, ce qui aurait mené le ratio de solvabilité médian à perdre 3 % supplémentaire pour s’établir à 84,4 %.

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« La baisse de la monnaie canadienne a été la seule bonne chose pour la solvabilité des régimes en 2015 », explique Claude Lockhead, associé exécutif de la pratique Retraite chez Aon Hewitt. « Bien que ce déclin puisse se poursuivre, les promoteurs de régime ne doivent pas s’attendre à un effet démesuré sur le huard en 2016 et la solvabilité des régimes sera encore plus exposée à la volatilité des marchés boursiers et à la faiblesse continue des marchés obligataires. »

Les deux réductions des taux d’intérêt de la Banque du Canada ont entraîné la baisse des rendements obligataires et l’abaissement du taux d’actualisation utilisé pour évaluer le passif des régimes, ce qui a eu une incidence négative sur leur solvabilité. La baisse des rendements a cependant poussé à la hausse la valeur des titres à revenu fixe : les obligations FTSE TMX à long terme et TMX Univers ont gagné 2,5 % et 2,8 % respectivement sur l’année.

Meilleure gestion des risques

Les promoteurs de régime qui ont adopté des stratégies de réduction du risque et qui ont diversifié leurs actifs ont connu une meilleure année 2015 et devraient être mieux préparés à surmonter le risque en 2016, affirme Aon. En effet, ceux qui ont adopté une stratégie de réduction des risques ont constaté que la solvabilité de leur régime à crû de 1 % cette année.

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Selon Aon, les perspectives des actions canadiennes restent difficiles, alors que les prix des ressources continuent de fluctuer. Pendant ce temps, les actions américaines semblent être à leur juste valeur. Ces facteurs suggèrent que les promoteurs de régime devraient songer à d’autres marchés que celui de l’Amérique du Nord pour choisir des actions, le marché EAEO pouvant offrir de meilleures valorisations. Les fonds spéculatifs, intégrés à un portefeuille bien diversifié, peuvent contribuer à compenser les fluctuations du marché, tout en offrant des rendements stables.

Claude Lockhead observe que l’année prochaine pourrait bien s’avérer un tournant pour plusieurs des promoteurs de régimes. « Outre qu’il faille gérer la volatilité du marché, les promoteurs pourraient devoir évaluer leurs stratégies de financement, car des taux de ratios de solvabilité plus faibles que prévu pourraient amener des contributions plus élevées. La bonne nouvelle est qu’il existe plusieurs leviers pour gérer les risques et l’année 2016 pourrait bien être celle où l’on verra plusieurs promoteurs les incorporer à leur stratégie d’ensemble de gestion de risque. »

Le ratio de solvabilité médian d’Aon mesure la santé financière de 449 régimes PD en comparant l’actif total au passif total des régimes dans l’éventualité de leur terminaison.

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