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Les tours de bureaux dans les grandes villes américaines ont grugé les résultats de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui a dévoilé mercredi un rendement inférieur à son indice de référence.
Le bas de laine des Québécois a dévoilé un rendement de 9,4 % pour 2024, en deçà de son portefeuille de référence à 11,8 %, selon les résultats annuels rendus publics mercredi. À l’exception des marchés boursiers, l’institution a fait moins bien que son indice de référence dans les placements privés, les revenus fixes, l’immobilier et les infrastructures.
Pour sa part, le régime de base du Régime de rentes du Québec (RRQ), administré par Retraite Québec, a affiché un rendement de 11,0 %. Les rendements de ses neuf plus importants déposants se situaient entre 6,7 % et 11,1 %.
Le président et chef de la direction de CDPQ, Charles Emond, s’est porté à la défense de la performance de 2024. « C’est des bons rendements parce qu’ils sont dans un environnement particulier, nettement au-dessus des besoins des déposants », a-t-il répondu en conférence de presse.
Il invite à regarder la performance à plus long terme. Sur cinq ans, le rendement annualisé a atteint 6,2 %, ce qui était supérieur à l’indice de référence de 5,9 %. Il ajoute également que la Caisse doit aussi prendre en compte la gestion des risques dans la composition de son portefeuille.
Les frais de gestion de la Caisse se sont établis à 0,67 %, comparativement à 0,83 % un an plus tôt.
Forte baisse en immobilier
Avec une baisse de 10,8 %, le portefeuille immobilier affiche un rendement nettement sous son indice de référence, qui est en légère progression de 1 %.
M. Emond a attribué ce revers à la forte concentration dans le secteur des immeubles de bureaux à New York et Chicago. « Dans les grandes villes, ce qui arrive, c’est que les locataires, ils vont renouveler, mais avec 15 %-20 % moins de superficie », explique-t-il.
La direction veut revoir sa stratégie, en passant « d’un opérateur à un investisseur ». « Un opérateur aime avoir toutes ses propriétés au même endroit pour bénéficier de synergies quand il les opère, tandis que notre virage vers un modèle investisseur en immobilier vise à être plus diversifié dans plusieurs endroits. »
L’immobilier donne des maux de tête à la Caisse depuis plusieurs années. Sur 10 ans le portefeuille affiche un rendement de 2,4 %, sous son indice de référence à 4,7 %. La pandémie a eu des contrecoups sur le segment des centres commerciaux et celui des tours de bureaux.
Le redressement du portefeuille prend du temps, car l’immobilier est moins liquide que les actions cotées en Bourse, qui peuvent se vendre plus rapidement. « C’est quand même un long chantier de faire évoluer ces choses-là. »
M. Emond a dit qu’il croyait que l’équipe du portefeuille immobilier serait capable de battre les indices de référence d’ici 18 à 24 mois. « Je veux qu’il y ait des mesures de succès qui soient claires pour qu’on puisse finalement amener le portefeuille où est ce qu’il doit être. »
Moins d’appétit pour le risque avec Trump
Dans un contexte où les menaces tarifaires de l’administration Trump pourraient plomber l’économie, la Caisse a réduit son exposition au risque. « On avait plus de risques dans les portefeuilles l’an dernier qu’on en a depuis quelques semaines », a précisé le chef des marchés liquides, Vincent Delisle.
« Les actifs risqués ont très bien performé l’an dernier et on veut aussi être plus prudent face aux divers scénarios qui peuvent arriver selon ce que M. Trump décidera de faire avec les tarifs », ajoute M. Delisle.