Face à l’incertitude entourant les relations commerciales et politiques entre le Canada et les États-Unis, les investisseurs institutionnels canadiens n’envisagent pas encore de modifier leur stratégie de répartition d’actif.

Kim Hart, conseillère principale en investissement chez Eckler, affirme que les discussions immédiates avec les promoteurs de régimes canadiens montrent qu’ils n’envisagent pas de se détourner des investissements américains ou de réduire leur exposition dans le pays. Mardi, les États-Unis ont introduit des droits de douane de 25 % sur les produits en provenance du Canada et du Mexique. En réponse, le Canada a introduit des dizaines de milliards de dollars de droits de douane sur les produits américains.

Un sondage informel mené par Eckler auprès de près de 60 gestionnaires d’actif a révélé que plus de la moitié des répondants n’avaient procédé à aucun changement dans leurs stratégies descendantes (top-down), mais qu’ils évaluaient l’impact de la politique tarifaire pour chaque entreprise en portefeuille.

Dans le contexte du différend commercial entre les deux pays, Greg Taylor, directeur des investissements à Purpose Investments, se dit optimiste quant à l’issue d’une conversation qui pourrait favoriser l’adoption d’une politique favorable aux entreprises au Canada, de manière à rendre le pays moins dépendant des États-Unis.

« Nous devons réduire notre développement commercial avec les États-Unis et je pense que cela pourrait être une surprise positive si le pays commence à se galvaniser et à travailler ensemble. »

Dans une note de marché adressée aux investisseurs, Tiffany Wilding, directrice générale et économiste à Pimco, a déclaré que la stratégie de Trump semble être d’accélérer la révision de l’accord existant entre les États-Unis et le Mexique et le Canada, qui a été promulgué lors de son premier mandat. Cette révision portera sur le protectionnisme des produits laitiers, la taxe sur les ventes numériques du Canada, le contenu des importations chinoises et les investissements directs étrangers avec le Mexique.

Les États-Unis constatent un déficit stable avec le Canada en raison de l’énergie, mais si on exclut ce secteur, les États-Unis enregistreraient plutôt un excédent commercial, ajoute-t-elle.

La menace d’une politique tarifaire de la part des États-Unis pourrait inciter d’autres pays à repenser leurs propres modèles de croissance en adoptant une politique industrielle plus réfléchie qui stimule la croissance et l’augmentation de la productivité, affirme Mme Wilding, le Canada pouvant éventuellement tirer parti de soutiens fiscaux pour « une politique industrielle plus réfléchie à long terme ».

Même s’il n’y a pas de motivation immédiate pour s’éloigner des États-Unis en réponse au conflit politique public actuel entre les deux pays, Mme Hart affirme que les investisseurs ont tendance depuis longtemps à réduire leur répartition en actifs canadiens.

Elle ajoute que la plupart des investisseurs institutionnels ont un parti pris pour le Canada du point de vue des actions, étant donné que leur poids au Canada est plus important que ne le laisserait supposer la capitalisation boursière du pays. « Le Canada représente moins de 3 % de la capitalisation boursière mondiale, donc si plus de 3 % de votre portefeuille d’actions est composé d’actions canadiennes, vous êtes surpondéré et la plupart des investisseurs affichent cette surpondération. »

Pour les investisseurs institutionnels canadiens, toute idée de désinvestir des États-Unis serait un défi, note-t-elle, puisque les actions américaines sont de loin la composante la plus importante de l’espace mondial des actions. « Il sera intéressant de voir si la situation s’inverse quelque peu. »

Cet article a initialement été publié par Benefits Canada