Même si l’investissement ESG affronte actuellement de forts vents contraires, le risque climatique est lui bien réel et continue de peser sur les investisseurs institutionnels.

Les caisses de retraite britanniques risquent en effet de subir des pertes de plus de 15 milliards de livres sterling (28 milliards de dollars canadiens) en raison des actifs échoués (stranded assets) liés aux combustibles fossiles, selon un récent rapport du UK Sustainable Investment and Finance Association (UKSIF) and du Transition Risk Exeter.

Sur les quelque 88 milliards de livres sterling d’actifs liés aux combustibles fossiles détenus par les caisses de retraite britanniques, environ 15,2 milliards, soit 17 %, risquent de s’échouer d’ici 2040 si les politiques et les engagements actuels en matière environnementale sont respectés. On parle de 0,5 % de l’actif total détenu par les régimes de retraite du Royaume-Uni, rapporte Investment & Pensions Europe.

Ces actifs échoués sont constitués de réserves de combustible fossile et des infrastructures et des investissements qui y sons associés. En raison des politiques climatiques, des changements technologiques et de l’évolution des conditions de marché, ces actifs risquent de perdre leur viabilité économique avant la fin de leur durée de vie opérationnelle.

« En tant qu’investisseurs à long terme, les caisses de retraite montrent la voie en matière de gestion d’actifs, mais il reste encore beaucoup à faire dans le domaine de la gestion systémique. Un engagement plus large avec le gouvernement, les décideurs politiques et les régulateurs est apparu comme un levier essentiel pour que les caisses de retraite s’attaquent au risque systémique posé par les actifs échoués », soutient James Alexander, directeur général de la UKSIF.

Il ajoute que trop de sociétés pétrolières et gazières parient sur une demande qui ne se matérialisera jamais dans un monde à faible émission de carbone. Selon lui, une transition soigneusement contrôlée vers l’abandon des combustibles fossiles est un impératif à la fois environnemental et financier.

Parmi plusieurs recommandations, le rapport appelle à la mise en place d’un cadre réglementaire clair pour soutenir le financement durable et la planification et le financement de la transition énergétique.

« Le moyen le plus sûr de compenser le risque de perte lié aux actifs échoués est d’investir dans les industries qui prospéreront avec le déclin des combustibles fossiles. Le gouvernement britannique doit faire preuve de leadership mondial en matière de climat en mettant en œuvre des politiques ambitieuses de décarbonisation et en encourageant l’investissement dans les industries de croissance de l’avenir, comme les énergies renouvelables », conclut James Alexander.