Bien qu’il s’agisse d’une maladie chronique, l’obésité s’accompagne encore d’une honte des chiffres inscrits sur la balance. « Pourtant, quand on fait de la température, on n’a pas honte de voir 40,2 au thermomètre, constate Tammy Cadieux, infirmière clinicienne au Centre de médecine métabolique de Lanaudière. Le poids est le symptôme de l’obésité. Traiter cette maladie est beaucoup plus complexe que dire simplement aux gens de faire attention et de se prendre en main. »
Indéniablement, perdre 50 kilos ne représente pas le même défi qu’en perdre deux. « La personne a besoin de comprendre comment arriver à perdre autant de poids et cela ne se fait pas tout seul, mentionne Tammy Cadieux. Elle a besoin d’avoir accès à des services, surtout via son employeur, et à différentes ressources. »
L’infirmière insiste donc pour que les régimes d’assurance collective permettent aux personnes souffrant d’obésité d’avoir accès à de multiples services, au-delà de la simple évaluation par un nutritionniste au coût de 150 $ et par un kinésiologue au coût de 250 $. « Quand l’assurance rembourse 500 $ par année, cela couvre uniquement ces évaluations. La personne ne sait plus quoi faire après, déplore l’infirmière. L’obésité est complexe et exige un suivi avec un médecin, un nutritionniste, un psychologue, un kinésiologue, une infirmière pour gérer la globalité de la maladie. »
Cette globalité est d’autant plus importante que l’obésité s’accompagne de nombreuses complications, comme les ovaires polykystiques, la cirrhose du foie, l’hypertension, l’hypercholestérolémie ou les troubles du sommeil. « Les troubles de santé mentale sont également très présents et ont un impact sur l’estime de soi », ajoute Tammy Cadieux.
En ce qui concerne la médication, l’infirmière précise que c’est un incontournable et qu’il est important de rembourser les traitements, mais aussi d’assurer un suivi. « Sans suivi, la personne perd du poids, mais aussi de la masse musculaire, ce qui entraîne d’autres problèmes, dit-elle. Il est nécessaire de couvrir la médication, mais aussi d’accompagner le patient. »
« Il faut changer les perceptions pour que les gens comprennent que l’obésité engendre beaucoup de souffrances et de complications, conclut Tammy Cadieux. C’est une maladie chronique qu’il faut traiter en mettant en place toutes les stratégies pour encadrer, soutenir, donner les outils nécessaires afin que la perte de poids se maintienne à long terme et entraîne une amélioration de la santé globale. »