Photo: 123RF

Les employeurs québécois prévoient accorder une augmentation salariale moyenne de 2,6 % en 2019. Mais au-delà de la simple augmentation, ils envisagent aussi d’apporter des changements à leur programme de rémunération dans le but de le rendre plus performant.

Selon l’analyse produite par le Conseil du patronat du Québec (CPQ), la hausse de salaire de 2,6 % planifiée par les employeurs de la province se situe presque au même niveau que la moyenne canadienne. L’analyse du CPQ se base sur les prévisions de six firmes et organismes : Mercer, Morneau Shepell, Willis Towers Watson, Normandin Beaudry, Korn Ferry et le Centre québécois de services aux associations.

Les différentes enquêtes soulignent le fait que les employeurs se montrent prudents dans la bonification de la rémunération octroyée aux employés en raison de l’incertitude qui plane actuellement sur l’économie mondiale.

« Devant le défi actuel à l’égard du besoin de main-d’œuvre généralisé, et ce, dans la majorité des régions et dans de nombreux secteurs, les employeurs du Québec devront être très créatifs dans leur offre en matière de conditions de travail s’ils veulent attirer, retenir et motiver du personnel, alors que la concurrence aux talents dans le marché de l’emploi sera férocement compétitive », affirme Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du CPQ.

L’organisme patronal estime que les augmentations salariales prévues pour 2019 représenteront pour les employeurs du Québec un coût moyen additionnel de 152 $ par employé en taxes sur la masse salariale (pour un salaire moyen de 40 000 $). Le CPQ juge également que la révision de la loi sur les normes du travail, adoptée en juin, « est venue alourdir le fardeau financier et règlementaire des entreprises ».

La quête de la transparence

Au-delà de réaliser annuellement un calcul d’augmentation salariale, les employeurs s’attellent de plus en plus à réviser en profondeur leur programme de rémunération au rendement pour le rendre plus équitable et transparent, selon un sondage de Willis Towers Watson.

Quarante-trois pour cent des répondants songent à restructurer leurs programmes d’intéressement, tandis que 37 % envisagent de modifier les critères dictant les augmentations de salaire. La plupart des employeurs qui ne restructurent pas leurs programmes revoient toutefois la pondération des facteurs qui influent sur les augmentations du salaire de base.

Par ailleurs, près de la moitié (49 %) des répondants ont l’intention de rendre plus transparentes leurs décisions en matière de rémunération ou songent à le faire.

Les principaux facteurs qui poussent les employeurs à envisager des changements à leurs programmes sont notamment la rétroaction des gestionnaires (78 %), celle des employés (73 %), les coûts (69 %) et l’évolution du marché (61 %).

« Le versement d’une juste rémunération revêt de plus en plus d’importance pour les employeurs soucieux d’obtenir des rendements supérieurs, d’attirer et de fidéliser des travailleurs compétents, et de prendre des décisions équitables en matière de rendement », explique Sandra McLellan, chef de secteur, Rétribution, Amérique du Nord chez Willis Towers Watson. « Mais les décisions en matière de rémunération sont de plus en plus complexes, et de nombreux employeurs se disent déçus par les résultats de leurs programmes de rémunération de base et d’intéressement à court terme. C’est pourquoi ils ont l’intention d’apporter des changements à ces programmes et à d’autres programmes connexes. »

L’évaluation du rendement repensé

Jugés inefficaces par un nombre croissant d’employeurs, les programmes d’évaluation du rendement sont à la croisée des chemins. Près de la moitié des répondants (45 %) songent à tenir compte davantage du potentiel futur et des compétences qui permettront à l’entreprise de prospérer dans l’avenir. Cela dit, une infime minorité d’entreprises ont l’intention de totalement abandonner les évaluations du rendement. Si 4 % l’ont fait par le passé, seulement 3 % comptent le faire cette année.

Pour les employeurs dont les budgets salariaux sont restreints, les programmes de reconnaissances jouissent d’une popularité croissante. Plus de la moitié (53 %) des entreprises songent à mettre en place de telles initiatives, qui permettent de récompenser les employés de manière ponctuelle et personnalisée.

Finalement, pour améliorer la transparence du processus salarial, 82 % des organisations sondées comptent procéder à un diagnostic de la rémunération des hommes et des femmes ou de l’équité salariale.