Les employés de la génération Y croulent sous les stéréotypes : gâtés, accros aux médias sociaux et aux textos, etc. Toutefois, une nouvelle étude révèle que la manière dont ils se comportent au travail ne reflète pas tous les stéréotypes qu’on leur attribue, et qu’ils ne sont pas si différents des autres générations de travailleurs.
« Les générations sont plutôt similaires que distinctes. Les valeurs sont les mêmes; ce qui les motive aussi. Les protocoles sont peut-être un peu différents », affirme Ruth Wright, directrice du leadership et des recherches en ressources humaines au Conference Board of Canada, en faisant référence aux résultats d’un rapport sur les préférences d’emploi des générations dont elle est l’une des coauteurs.
Pour ce rapport, qui sera publié le mois prochain, 1000 personnes nées entre 1965 et 1990 ont été sondées. L’objectif est de démontrer que, tout comme les travailleurs de la génération X, les jeunes favorisent le respect, la dignité et la reconnaissance, ajoute Mme Wright.
Alors, si la génération Y est plus semblable à ses collègues plus âgés qu’on ne le pensait, les autres stéréotypes sont-ils exacts?
1. Les contacts personnels n’ont pas d’importance
Il est vrai qu’ils partagent tout sur les médias sociaux et que le web est un habitat naturel pour eux. « Les jeunes de la génération Y ne veulent pas travailler virtuellement – ils ont soif de travail expérimental », explique Mme Wright.
« Ils veulent vraiment bâtir des relations entre eux et leurs gestionnaires », dit-elle, expliquant qu’il désirent aussi avoir accès rapidement à leur supérieur immédiat. Ils demandent à ce que ce dernier les écoute ouvertement.
« Ils sentent qu’ils ont des opinions valables » et qu’ils sont en mesure d’offrir quelque chose à une entreprise, argue Diane Dowsett, vice-présidente associée, gestion des talents chez LoyaltyOne, qui a également contribué à l’étude.
2. L’utilisation des réseaux sociaux au travail est un droit inné
Le stéréotype dit que la génération Y ressent le besoin d’utiliser les médias sociaux à tout moment. Au contraire, ils ont fait preuve de discipline. « Ils ne s’attendent pas à utiliser les réseaux sociaux comme Facebook comme ils le font dans leur vie de tous les jours. Ils se satisfont d’utiliser les courriels, plutôt que la messagerie instantanée, et les téléphones », explique Mme Wright.
La raison pour cela est probablement qu’ils ont directement accès aux réseaux sociaux sur leur téléphone intelligent, suppose Mme Dowsett.
3. Les commentaires doivent être donnés immédiatement
Ce n’est pas faux. Après tout, la génération Y a grandit dans un monde où la communication est instantanée.
« Ils demandent clairement des commentaires sur une base régulière », plutôt que d’attendre à l’évaluation des performances. À l’école, ils ont beaucoup travaillé en équipe, où les commentaires étaient immédiats, ce qui expliquerait ce désir de leur part. De plus, du côté familial, ils ont beaucoup été impliqués dans les décisions et c’est pourquoi ils aiment qu’on tienne compte de leurs opinions, explique Mme Wright.
Leurs préférences quant aux commentaires sont qu’ils soient « positifs et constructifs, plutôt que correctifs. » La raison la plus probable est qu’ils ont toujours été exposés à un système scolaire qui vise à sensibiliser les élèves aux différences et qui travaille pour s’assurer que personne ne soit exclu.
4. La conciliation travail/famille importe peu, puisqu’ils n’ont pas de famille
« Ils sont prêts à travailler de longues heures. Ils sont véritablement prêts à investir temps et effort », ajoute Mme Wright. Ils s’attendent toutefois à avoir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Cela inclut des horaires flexibles, des balises claires qui empêchent que le travail déborde sur les affaires personnelles et des jours de congé supplémentaires pour équilibrer leur travail avec leur vie privée et leur engagement dans leur communauté, ajoute Mme Dowsett.
« Comme gestionnaire, vous devez vous concentrer sur les attentes, au lieu de seulement visualiser un employé à son bureau », explique Mme Wright. C’est pourquoi les jeunes travailleurs demandent souvent la plus grande transparence quant à leurs objectifs de performance et leurs tâches.
5. L’argent n’est pas si important
« La stabilité et la sécurité du revenu sont importantes », dit Mme Dowsett, expliquant que plusieurs travailleurs de la génération Y sont célibataires, et qu’ils ne comptent que sur leur propre revenu et vivent dans des centres urbains où tout est un peu plus cher qu’ailleurs au pays.
6. Ils ne font pas face au déséquilibre des genres
Avec toutes les avancées que le Canada a faites quant à l’équité des genres, il est presque évident de penser que les femmes de la génération Y ne font pas face aux mêmes défis que les femmes des générations précédentes. Or, les résultats du Conference Board révèlent le contraire.
« À un niveau élevé, les femmes de la génération X et Y se ressemblent plus qu’elles ne se différencient. Dans certains cas, nous avons remarqué que le genre est plus important que l’âge », explique Mme Wright. Les jeunes femmes sur le marché du travail continuent d’être sous-représentées dans les domaines de la gestion et de la technologie.
Elles entrent dans le marché du travail avec beaucoup d’assurance, qui s’évapore souvent lorsqu’elles rencontrent des défis reliés au genre.
Un point clef de la nouvelle étude est que lorsque l’on emploie une personne issue de la génération Y, les perspectives sont appelées à changer – bien qu’ils ne soient pas si différents des autres groupes d’âge.
« Vous devez apprendre à mener et à gérer d’une autre manière que celle avec laquelle vous avez été mené et géré, dit Mme Wright. Nous devons apprendre en tant que gestionnaires à lâcher prise et à apprécier les choses faites différemment. »
Cet article a initialement été publié sur le site de Benefits Canada.