
Les Perspectives de l’emploi 2012, publiées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) laissent paraître que le taux de chômage de l’ensemble des États membres de l’OCDE devrait se maintenir à un taux assez élevé, et atteindrait environ 7,7 % au dernier trimestre de 2013. En comparaison, le taux de chômage des pays de l’OCDE atteignait 7,9 % en mai 2012 et 11,1 % dans la zone euro.
Selon l’OCDE, si l’on veut retrouver le taux de chômage d’avant la crise, il faudrait créer environ 14 millions d’emplois dans la zone OCDE. L’organisme ajoute que ce sont les jeunes et les travailleurs les moins qualifiés qui sont les plus touchés cette crise de l’emploi. Une tendance semble se dessiner, celle de l’emploi temporaire, puisque les employeurs, selon l’OCDE, semblent « réticents à embaucher de nouveau sur des contrats à durée indéterminée au vu des incertitudes économiques actuelles », peut-on lire dans le rapport.
« La récente dégradation des perspectives économiques est de mauvais augure pour le marché de l’emploi, observe Angel Gurría, Secrétaire général de l’OCDE, lors de la présentation du rapport à Paris. Il est impératif que les pouvoirs publics utilisent tous les moyens à leur disposition pour venir en aide aux demandeurs d’emploi, notamment aux plus jeunes en levant les barrières pesant sur la création d’emplois et en investissant dans leur formation et les compétences. En effet, ce sont eux dont la carrière et les revenus risquent le plus d’être pénalisés à long terme. C’est pourquoi il est capital de mettre l’accent sur les mesures les plus efficientes ».
De bonnes nouvelles pour le Canada
Selon l’organisme économique, la reprise de l’emploi est amorcée au Canada. Le taux de chômage au pays a atteint 7,2 % en juin dernier, loin de son taux record de 8,5 %, qui avait été atteint au troisième trimestre 2009. Selon le rapport de l’OCDE, la reprise économique sera vigoureuse au pays et le taux de chômage devrait continuer à diminuer, pour atteindre près de 6,4 % au dernier trimestre de 2013, près de son niveau d’avant la crise.
Selon l’OCDE, le Canada a réagi rapidement aux changements sur le marché du travail, même si les dépenses du gouvernement destinées à l’accompagnement au retour à l’emploi des chômeurs ont été moins importantes. L’OCDE ajoute que les dépenses publiques consacrées au soutien du revenu (notamment les prestations de l’assurance emploi) ont augmenté plus rapidement que ne l’a fait le taux de chômage. C’est donc dire que les dépenses par chômeur ont connu une hausse, entre 2007 et 2010, de 6 %, comparativement à 9 % dans l’ensemble de la zone OCDE. Cependant, les dépenses publiques par chômeur destinées à l’accompagnement au retour au travail ont diminué de 15 %, alors que pour l’ensemble des pays de l’OCDE, ces dépenses ont diminué de 21 %.
On peut également lire dans le rapport que la part du travail dans le revenu national canadien a connu une baisse plus importante que dans le reste de la zone OCDE. Entre 1990 et 2006, cette proportion aurait diminué de 5 %, passant de 65,3 % à 60,3 %. En comparaison, dans l’ensemble des pays de l’OCDE, cette baisse est de 3,8 %. De plus, la baisse de la part du travail (hors secteurs minier et immobilier) a été plus importante (7 %), soit 3 % de plus que la moyenne de la zone OCDE. Finalement, l’OCDE affirme que la part de la rémunération du travail des 1 % des plus hauts revenus a augmenté de 20 % au Canada.
Variation importante du chômage selon les régions
Selon l’OCDE, la situation du chômage varie beaucoup d’un pays à l’autre. En Europe, il tend à augmenter depuis la fin 2011, alors qu’au Canada et aux États-Unis, il a été plutôt stable, pendant la même période. C’est en Espagne que le taux de chômage est le plus élevé, à 24,6 %. Cependant, nombreux pays qui ont un taux de chômage supérieur à 10 %. (Estonie, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Portugal et République slovaque).
Dans les pays émergents, la situation a été plutôt positive pour le marché de l’emploi, à l’exception de l’Afrique du Sud. Cependant, l’OCDE indique que certains signes de ralentissement économique semblent se dessiner à l’horizon, notamment en Chine, en Inde et au Brésil.
Augmentation du chômage de longue durée
Les Perspectives d’emplois 2012 indiquent également que le chômage de longue durée est en hausse, puisque près d’un travailleur sur trois est au chômage depuis 12 mois ou plus dans la zone OCDE. C’est en Europe que la situation est la plus importante, puisque 44 % des chômeurs sont des chômeurs de longue durée. Aux États-Unis on constate également une forte augmentation de ce type de chômeur, puisque la proportion de chômeurs de longue durée est passée de 10 % avant la crise à 30 % aujourd’hui. On remarque également une hausse du nombre de chômeurs dont la période de chômage se prolonge depuis deux ans ou plus. En 2007, 2,6 millions de chômeurs étaient sans emploi depuis plus de deux ans. Ils étaient 7,8 millions en 2011.
Prendre les mesures nécessaires
L’OCDE invite les gouvernements à prendre les mesures nécessaires pour réduire le chômage. L’organisme insiste sur le fait qu’il est « essentiel d’aider les chômeurs à ne pas perdre contact avec le marché du travail, pour éviter que le niveau du chômage de longue durée ne devienne structurel ». L’OCDE croit que les gouvernements doivent maintenir et même augmenter les dépenses en matière d’aide à la recherche d’emploi et de formation. L’organisme rajoute que les emplois subventionnés par l’État peuvent être une bonne manière pour les chômeurs de garder contact avec le marché du travail et ajoute que « des incitations ciblées à l’embauche peuvent se révéler plus efficaces qu’une baisse généralisée des charges sociales, dont le rapport coût-efficacité pourrait être moins intéressant. » Selon le rapport, les pays qui décideront de diminuer les sommes allouées à la lutte contre le chômage risquent fort d’aggraver la situation de l’emploi dans leur État et de « mettre en péril le potentiel de croissance à long terme de l’économie ».
Finalement, l’OCDE invite les gouvernements « à prendre des mesures pour relever d’autres défis sur le marché du travail, comme le creusement des inégalités et la transition vers une économie plus verte ».