« L’obésité est souvent considérée à tort comme un simple facteur de risques, alors qu’il s’agit d’une maladie chronique à part entière. » C’est le message que veut transmettre Marie-France Langlois, directrice de l’unité d’évaluation, traitement et recherche sur l’obésité au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS).
Lors d’une conférence organisée par l’Institut canadien de la retraite et des avantages sociaux (ICRA) mardi à Montréal, Mme Langlois s’est dite inquiète de l’augmentation de la prévalence de l’obésité dans la population canadienne et des coûts colossaux que la maladie génère.
À l’échelle mondiale, le nombre de personnes souffrant d’obésité a doublé depuis 1980.
« Et ça continue d’augmenter, même si la progression est moins rapide », a ajouté Marie-France Langlois. La situation est encore pire chez les enfants, où les cas d’obésité ont triplé entre 1985 et 2011.
En 2011, 60 % de la population canadienne était en surpoids, alors que 26 % étaient considérés comme obèses. La maladie aurait coûté 1,5 milliard de dollars au système de santé québecois en 2011, soit 10 % du coût total des hospitalisations et des consultations externes.
En ajoutant les coûts liés à l’absentéisme et à la perte de productivité, les coûts de l’obésité ont atteint 4,5 G$ en 2008, selon l’Agence de santé publique du Canada. Aux États-Unis, ils dépassent les 147 G$ annuellement. « Les coûts indirects sont encore plus importants que les coûts directs des traitements », a précisé la médecin. D’autant plus que de nombreux troubles de santé mentale peuvent découler de l’obésité.
Dans les milieux de travail, l’obésité est la deuxième condition de santé la plus coûteuse après la dépression. « Elle génère un taux élevé de présentéisme et d’absentéisme », note-t-elle.
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Accès difficile aux traitements
Selon Dr Langlois, le fait que l’obésité ne soit pas considérée comme une maladie chronique par bien des intervenants rend difficile l’accès aux traitements pour les personnes touchées. Or, 40 à 70 % du poids d’un individu seraient déterminé génétiquement. Le reste est déterminé notamment par l’alimentation, l’exercice physique et la gestion des émotions.
Les régimes se montreraient pour leur part inefficaces. De nombreuses recherches, explique la médecin, ont démontré que le maintien du poids est très difficile à la suite d’un régime parce que le corps humain met en place des mécanismes compensatoires qui ont pour effet de favoriser le regain de poids.
Les traitements les plus efficaces pour traiter l’obésité sont donc l’adoption de meilleures habitudes de vie, le recours à la pharmacothérapie et la chirurgie bariatrique, généralement très efficace, mais utilisée seulement en dernier recours.
« Dans notre système de santé, le plus difficile est l’accès aux traitements basés sur la science. Le fait de considérer l’obésité comme un simple facteur de risque n’améliorera pas la situation », a expliqué Marie-France Langlois.
La porte semble donc grande ouverte pour une plus grande implication des employeurs.
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