
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, qui s’est déroulé lundi dernier, plusieurs personnalités, étudiants et journalistes issus de différentes régions du Québec ont accepté de porter un t-shirt portant la mention « Je suis séropo » sur leur lieu de travail, là où la discrimination envers les personnes atteintes du VIH demeure souvent bien présente.
« On a reçu le témoignage d’une étudiante de l’UQAM qui travaille dans une chocolaterie la fin de semaine et qui a demandé à son patron si elle pouvait porter le t-shirt au travail. Il a refusé en disant que ça allait leur faire perdre toute leur clientèle », déplore Ken Monteith, directeur général de la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida (COCQ-Sida).
Selon Claude Longpré-Poirier, avocate et responsable du service VIH info droits, environ la moitié des plaintes de discrimination reçues par l’organisme concernent l’emploi. « En général, l’état de santé de l’employé devient connu de l’employeur suite à un dévoilement volontaire à un collègue ou encore via les compagnies d’assurance, mais c’est la plupart du temps une hypothèse qui est difficile à prouver. »
Parce que si les assureurs peuvent transmettre certaines informations aux employeurs, ils n’ont pas le droit de dévoiler la maladie chronique d’un assuré en particulier, explique l’avocate, qui précise que le droit québécois et canadien est très protecteur en ce qui concerne les personnes atteintes du sida. « Être atteint du sida n’est pas un motif valable pour se voir refuser une couverture d’assurance », soutient-elle.
Selon l’organisme, les gens atteints du VIH hésitent souvent à faire une réclamation pour médicaments à leur assureur de peur de révéler leur condition. Certains choisissent même de faire une réclamation à la RAMQ, mais s’exposent à des risques de poursuite étant donné qu’ils sont couverts par une assurance privée. « Ça illustre bien le haut niveau de peur que ressentent ces personnes », insiste M. Monteith.
Dans certains cas, des employeurs ont été jusqu’à congédier des employés lorsqu’ils ont appris qu’ils étaient atteints du VIH. Deux justifications sont généralement avancées : la peur du risque de transmission et la peur d’une fuite de la clientèle. « Les employeurs doivent se renseigner davantage sur le sida et comprendre qu’il n’y a aucun risque de transmission dans un contexte de travail, c’est une peur totalement irrationnelle », affirme Mme Longpré-Poirier.
Quand il ne cause pas un congédiement, le sida peut être un frein important à l’embauche « Une personne atteinte du VIH s’est vu retirer deux offres d’emploi de suite après qu’elle ait divulgué son état de santé aux assureurs et que l’employeur en ait été informé. On ne peut pas demander à un candidat s’il est atteint d’une maladie chronique avant de l’embaucher. C’est illégal, mais malheureusement plein de gens le font », se désole Ken Monteith.