La probabilité que la Banque du Canada augmente son taux en juillet prochain ne devrait pas faire dérailler le ralliement boursier, selon un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC.

Selon Avery Shenfeld, économiste en chef, une hausse des taux d’intérêt ne devrait pas pousser à la vente dès maintenant. « L’histoire montre que les six mois précédant une première hausse des taux par la Banque du Canada tendent à coïncider avec une très forte demande pour les actions, et le rendement de ces dernières reste supérieur à celui des obligations dans les mois qui suivent un tel premier resserrement.»

Le comportement de la Bourse de Toronto avant les 13 derniers cycles de resserrement des taux et dans les mois ayant suivi ces hausses est examiné dans le dernier rapport Economic Insights de la Banque CIBC. Les résultats montrent qu’au cours des six mois précédant une hausse des taux par la Banque, les actions canadiennes ont historiquement fourni, en moyenne, un rendement annualisé de 22 % (dividendes plus gains en capital), tel que mesuré par l’indice du rendement global de l’indice composé TSX.

Par comparaison, les actions canadiennes ont affiché un rendement annualisé de 8,3 % dans les six mois ayant suivi un creux des taux d’intérêt, soit moins, en moyenne, qu’au cours des périodes précédant une hausse, mais tout de même à un pour cent près du rendement à plus long terme de la Bourse de Toronto. Les rendements globaux n’ont été considérablement négatifs qu’au cours d’un seul des semestres ayant suivi les 13 creux des taux d’intérêt. Les actions ont surclassé les obligations, leur principale catégorie d’actif concurrente, au cours d’environ 70 % des semestres ayant précédé un creux des taux et au cours de plus de 85 % des semestres ayant suivi ces creux.

Gérer la croissance
M. Shenfeld croit que cela est tout à fait logique puisque les actions devraient être liées à la valeur actuelle des flux de bénéfice et de dividendes à venir. Les banques centrales ne cherchent à freiner le rythme de la croissance que si elles perçoivent que ce rythme est vigoureux. Sous ce rapport, nous avons augmenté récemment nos perspectives de croissance pour le premier trimestre à tout juste plus de 5 %, soit pour un deuxième trimestre consécutif. On s’attendra à ce qu’une telle croissance soit accompagnée de bénéfices à la hausse. Ces attentes pourraient être exagérées, mais on devra attendre que la croissance trimestrielle ralentisse, plus tard cette année et en 2011, pour conclure à un excès d’optimisme quant aux bénéfices des sociétés.

« Les augmentations de taux tendent à être plus dommageables dans les stades avancés d’un cycle, quand la banque centrale accepte plus facilement de provoquer un décrochage ou même une récession pour combattre l’inflation. Nous sommes encore loin du point où la spirale des salaires et des prix, activée par la demande, inciterait la banque centrale à sérieusement compromettre la croissance. Les taux augmenteront, mais non pas à un rythme qui menacerait la croissance et qui instillerait la crainte chez les investisseurs en bourse », a indiqué M. Shenfeld.

« Aussi remarquable que puisse être l’effet de la modification du taux du financement à un jour, notre analyse confirme l’opinion généralement répandue que les taux à long terme ont une incidence beaucoup plus forte sur la valeur des actions que les taux à court terme », souligne Peter Buchanan, économiste principal à la Banque CIBC. « Cela n’est nullement étonnant puisque ce ne sont pas les bénéfices du trimestre ou de l’année en cours qui intéressent les investisseurs, mais bien les bénéfices sur une plus longue période. Par conséquent, ils compareront très probablement le rendement à celui d’autres catégories d’actif à long terme.

Bien qu’il s’attende à ce que la Banque du Canada commence à resserrer ses taux avant la Réserve fédérale américaine, la CIBC s’attend à ce que la faiblesse de l’inflation au Canada et de meilleures données fiscales de base aideront à amortir les effets négatifs d’une hausse. « Le bilan des sociétés canadiennes est en bien meilleur état que dans le passé. Le ratio d’endettement des secteurs autres que celui de la finance s’établit à tout juste au-dessus de 50 %, soit à peine plus de la moitié de son niveau d’il y a 15 ans. Comme la vigueur du dollar et le resserrement fiscal font une partie du travail de la Banque et que celle-ci dispose de beaucoup de jeu pour contrer une aggravation de l’inflation, nous pensons que les taux à court terme, déjà plutôt bas, n’augmenteront que de 75 points de base d’ici la fin de l’année. »

Dans l’absolu, cela pourrait signifier que les taux à long comme à court terme resteront bas encore quelque temps par rapport à leurs moyennes historiques. « Voilà un boni pour les flux de trésorerie des sociétés », dit-il. « Cette situation signifie aussi que les dividendes des actions resteront intéressants par rapport aux gains offerts par les produits à revenu fixe. Ces forces laissent croire qu’une hausse des taux peut bien causer des tracas, mais qu’il est improbable qu’elle jette les marchés boursiers au tapis.»