Si le télétravail permet de réduire le temps et les coûts associés au transport, il peut aussi avoir certains effets négatifs sur la santé des travailleurs, selon une récente du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Basée sur des données de Statistique Canada, l’étude révèle que 18 % des employés québécois avaient fait du télétravail en 2010, par rapport à une moyenne canadienne de 21 %. Près d’un million d’employés québécois travaillent parfois de la maison. La probabilité de faire du télétravail est par ailleurs plus élevée pour les employés habitant très près du lieu de travail (1 km ou moins) ou très loin (plus de 100 km).

« Comparativement aux employés travaillant uniquement du lieu habituel de travail, les télétravailleurs sont en moyenne plus riches et éduqués, plus urbains et moins syndiqués », peut-on lire dans le rapport.

Des temps de déplacement réduits

Le rapport, qui cherche à établir les caractéristiques des télétravailleurs québécois, permet de constater que les télétravailleurs à temps plein, c’est-à-dire ceux qui travaillent exclusivement de la maison, passent 19 minutes de moins par jour à se déplacer.

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Par contre, les employés qui partagent leur travail entre la maison et le lieu habituel ont des temps de déplacement équivalents aux employés qui ne font jamais de télétravail. Ils sont toutefois moins susceptibles de se déplacer en périodes de pointe.

Le télétravail a aussi un impact sur le nombre d’heures travaillés, mais celui-ci est très variable. Les employés qui travaillent à la fois de la maison et de leur lieu de travail habituel travaillent en moyenne 49 minutes de plus par jour que les salariés qui ne font jamais de télétravail. En revanche, le télétravail à temps plein est associé à des diminutions du temps de travail variant entre 43 minutes et 2 heures 15 minutes par jour.

Le télétravail source de stress?

Selon les données récoltées par le CIRANO, le télétravail n’aurait aucun impact significatif sur la santé des employés. En revanche, il est associé à un plus grand sentiment de stress. Il est toutefois difficile de savoir si les employés déjà plus sensibles au stress sont plus susceptibles de demander à leur employeur de faire du télétravail ou si le télétravail lui-même est cause de stress. Plusieurs facteurs peuvent néanmoins rendre le télétravail stressant, notamment la difficulté de délimiter la frontière entre la vie privée et la vie professionnelle, l’isolement et la démotivation, peut-on lire dans le rapport.

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Les employés qui font souvent du télétravail sont aussi plus nombreux à se sentir pressé par le temps. Mais encore une fois, il est délicat de déterminer si le sentiment d’être pressé par le temps mène à faire du télétravail ou bien si le fait de travailler à la maison augmente le sentiment d’être pressé.

Des initiatives pour favoriser le télétravail

Dans l’ensemble, « les résultats témoignent de l’apport potentiel du télétravail pour réduire les coûts sociaux associés au transport et pour contribuer à la croissance des revenus privés et gouvernementaux », soutient le CIRANO. Le rapport contient d’ailleurs quelques recommandations. Afin de faciliter la mise en place d’initiatives favorisant le télétravail dans le secteur privé, les gouvernements pourraient créer des politiques publiques qui prendraient la forme d’aide financière, d’assistance technique ou de gestion.

Les organisations qui veulent tenter l’expérience du télétravail ont aussi intérêt à établir des objectifs clairs quant aux résultats attendus, sur la réduction des déplacements ou sur le nombre d’heures travaillées, par exemple.

Le CIRANO propose également l’adoption de systèmes de certification des organisations, l’élaboration d’un guide du télétravailleur ou encore la mise en œuvre d’une campagne de sensibilisation. Le rapport souligne enfin l’importance de sonder les employés pour faciliter la détermination des formes de télétravail à favoriser et l’encadrement nécessaire dans chaque cas.

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