Alors que la plupart des employeurs exigent de leurs employés qu’ils travaillent davantage au bureau, les travailleurs les plus accros au télétravail ont adopté un moyen pour déjouer le système : le coffee badging.

Les employés adeptes de cette stratégie se présentent au bureau, glissent leur carte d’accès et restent sur les lieux une trentaine de minutes, le temps de se promener un peu, de parler à quelques collègues et de prendre un café. Après quoi, ils retournent à la maison.

« Pour les travailleurs qui n’ont pas besoin d’activer leur badge, le simple fait d’affirmer leur présence ou de dire bonjour à certains collègues, de passer dans le bureau d’un collègue ou de parler fort dans le couloir avant de disparaître discrètement sert un objectif similaire », a expliqué à USA Today Christopher Nickson, vice-président du groupe Segal, une société de conseil en ressources humaines.

Les télétravailleurs les plus casaniers demanderaient même à un collègue de glisser leur carte d’accès à leur place, mentionne M. Nickson.

En juillet dernier, 44 % des employés américains ayant un horaire de travail hybride ont déclaré qu’ils avaient recours au coffee badging, selon un sondage mené par Owl Labs, qui fabrique des équipements de vidéoconférence.

Par contre, un sondage de LinkedIn mené l’été dernier a montré que le phénomène ne concernait que 19 % des travailleurs de façon régulière, alors que 31 % ont admis l’avoir déjà fait à un moment ou à un autre. Selon John Frehse, responsable de la stratégie mondiale de l’emploi au sein de la société de conseil Ankura, ce chiffre correspond à peu près aux estimations du secteur selon lesquelles environ un col blanc sur cinq fait du coffee badging.

Par ailleurs, 79 % des entreprises considèrent que le non-respect des obligations de retour au bureau constitue un problème dans une certaine mesure, selon une enquête réalisée en octobre par ResumeTemplates.com. Quarante pour cent des entreprises interrogées ont déclaré que les travailleurs ne restaient pas une journée entière et 7 % ont dit qu’ils manipulaient les systèmes de signature ou d’identification.

Mais les employeurs ne se font pas toujours berner. Chez Amazon, les employés doivent glisser leur carte d’identité à leur arrivée et à leur départ. Lorsqu’ils ne passent qu’un temps symbolique au bureau, les responsables s’entretiennent avec eux. « Nous voulons nous assurer que les employés passent du temps au bureau, avec leurs équipes », a déclaré à USA Today Zoe Hoffman, porte-parole d’Amazon. Cela renforce la culture, la collaboration et le brainstorming, soutiennent les responsables de l’entreprise.

Dans les organisations où les employés peuvent faire du coffee badging sans être inquiété, c’est souvent parce que leur propre gestionnaire n’est pas au bureau. Selon le sondage d’Owl Labs, pas moins de la moitié des gestionnaires pratiqueraient eux-mêmes le coffee badging.

Dans le même sondage, 59 % des travailleurs ont déclaré avoir été pris en flagrant délit de coffee badging, sans que leur employeur s’en émeuve. Et 11 % ont déclaré qu’ils avaient été pris en flagrant délit et qu’ils devaient désormais être présents au bureau à plein temps. Les coffee badgers seraient souvent dénoncés par des collègues qui n’apprécient pas d’avoir à se conformer aux directives de présence au bureau alors que d’autres s’y soustraient.

Comment faire en sorte que les employés soient heureux d’aller travailler au bureau ? Le quart des travailleurs interrogés par Owl Labs soulignent qu’ils pourraient être attirés par de la nourriture gratuite ou subventionnée, le remboursement des frais de transport, une plus grande intimité au travail et l’absence de code vestimentaire.

Aux États-Unis, environ 20 % des travailleurs qui occupent des emplois où le télétravail est possible travaillent au bureau tous les jours de la semaine, 55 % sont des travailleurs hybrides et 26 % télétravaillent exclusivement, selon un sondage Gallup réalisé en novembre.