Le Canada se démarque par rapport à plusieurs autres économies avancées de par le monde, ce qui a pour effet de semer un intérêt certain des investisseurs étrangers pour le pays, d’après un nouveau rapport de Marchés mondiaux CIBC.
Warren Lovely, stratège des questions gouvernementales au Macro Strategy Group de la Banque CIBC, qui revient tout juste d’une série de réunions avec des investisseurs de partout aux États-Unis et en Asie, ne se rappelle pas vraiment à quel autre moment le pays a eu une telle vigueur relative, voire absolue. « Le Canada est de plus en plus sur les lèvres et dans l’esprit des investisseurs internationaux », dit-il. « Les investisseurs croient de plus en plus en la capacité du Canada à offrir des résultats supérieurs à ceux d’un nombre croissant d’économies avancées.
Dans le dernier rapport Global Positioning Strategy de la Banque CIBC, M. Lovely identifie les avantages stratégiques qui font augmenter la pondération du Canada dans les portefeuilles de placements mondiaux.
« La force du Canada se situe dans ses finances publiques », explique M. Lovely, qui souligne que le Canada a beaucoup moins besoin d’ajuster sa fiscalité afin de stabiliser les ratios d’endettement. « Les provinces canadiennes sont moins enclines à sabrer les programmes ou à adopter des mesures pour accroître leurs revenus et, par conséquent, elles mettent moins leurs économies régionales en péril.»
Selon M. lui, la situation des revenus du gouvernement fédéral et des gouvernements provinciaux du Canada tend à s’améliorer considérablement. « L’assainissement des finances publiques permettra de réduire les besoins d’emprunt et protégera les cotes de crédit du gouvernement fédéral et des provinces. Cette amélioration fiscale signifie également qu’Ottawa émettra moins d’obligations, ce qui laissera une grande marge de manœuvre aux provinces et aux émetteurs privés à long terme.»
Des avantages distinctifs du Canada
Des années de résultats fiscaux et d’excédents financiers au Canada ont créé un espace budgétaire suffisant pour réduire radicalement les impôts des sociétés, une conséquence qui, jumelée à d’importantes réformes de la fiscalité, confère au Canada un avantage de plus en plus fort par rapport aux territoires fiscaux concurrents.
Bien que le Canada n’affiche qu’un taux de croissance légèrement supérieur à celui des États-Unis, les indicateurs de l’état de santé de son économie intérieure sont meilleurs. Le secteur bancaire canadien est doté de fonds propres suffisants et sa réglementation nécessitera des modifications moins profondes. Par ailleurs, les exportateurs canadiens sont moins exposés à la faible croissance européenne alors qu’ils ont réussi à accroître leurs exportations vers la zone BRIC. Enfin, une saine migration internationale et interprovinciale a atténué les pressions démographiques, ce qui favorise une hausse du taux de croissance économique.
M. Lovely entrevoit toutefois certains obstacles au maintien des résultats supérieurs du Canada. « Les trois quarts des exportations canadiennes prennent le chemin des États-Unis, ce qui signifie qu’un ralentissement dans ce pays aura des conséquences pour le Canada ».
Parmi les autres éléments qui assombrissent les perspectives économiques du Canada, on retrouve l’incidence de la vigueur persistante du dollar canadien sur le secteur manufacturier, la surchauffe du marché de l’habitation et l’endettement élevé des ménages canadiens.
« Malgré ces défis, les gouvernements canadiens courtisent les investisseurs internationaux en position de force, à peine obligés envers ceux-ci, mais heureux de tirer pleinement parti de leur solide appétit pour leurs produits à revenu fixe », mentionne M. Lovely. « Il y a lieu de croire que l’intérêt marqué que les investisseurs étrangers manifestent actuellement à l’égard du Canada est là pour durer. »