
Les troubles de santé mentale ont atteint une telle proportion que les médecins ont identifié la dépression comme le principal problème de santé au Canada, à égalité avec l’hypertension artérielle, selon une nouvelle enquête nationale de Morneau Shepell.
En effet, 24 % des médecins généralistes interrogés dans le cadre de cette enquête ont classé la dépression comme le principal problème de santé qui affecte les Canadiens, soit la même proportion que l’hypertension artérielle. À titre comparatif, seulement 11 % des médecins estiment que les troubles musculosquelettiques représentent la plus grande menace à la santé des Canadiens.
Par ailleurs, 63 % des médecins répondants ont déclaré que la dépression, les troubles anxieux et les troubles de stress sont les problèmes qui affichent la plus forte croissance depuis deux ou trois ans.
L’enquête fait également une constatation peu étonnante : les troubles de santé mentale affectent négativement la productivité des employés. Ainsi, 82 % des employés répondants qui avaient mentionné être aux prises avec un problème de santé mentale et 67 % de ceux qui avaient déclaré des symptômes de stress ont affirmé que cela avait une incidence sur leur travail.
Et qu’en est-il des employés aux prises avec des problèmes de santé physique? Seulement 53 % d’entre eux affirment que cela a une incidence sur leur travail.
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Absences non signalées
Les problèmes de santé mentale sont bien souvent liés à des niveaux élevés d’absentéisme. Pas moins du quart des employés (26 %) ont déjà prix un congé en raison d’un niveau de stress élevé au travail.
Or, la vaste majorité des employés (64 %) qui se sont absentés en raison d’un trouble de santé mentale ne l’ont pas signalé officiellement et ont plutôt donné d’autres raisons pour justifier leur absence, ce qui laisse sous-entendre que la stigmatisation est encore largement répandue dans les milieux de travail.
« Sans un système qui permet de mesurer efficacement les jours d’absences occasionnels, les entreprises perdent beaucoup d’informations et ne peuvent pas savoir quels employés elles doivent aider », explique Claudine Ducharme, associée, Services-conseils en santé, Région Est du Canada chez Morneau Shepell.
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Stressés et désengagés
En plus d’afficher un niveau d’absentéisme plus élevé, les employés très stressés sont généralement moins engagés. L’enquête a montré que plus des deux tiers (67 %) des employés hautement engagés rapportaient avoir une santé mentale excellente ou très bonne, comparativement à moins de la moitié (35 %) des employés qui ne sont pas engagés.
« On peut se demander si c’est le faible niveau d’engagement qui est causé par le stress, ou alors le stress qui est causé par le faible niveau d’engagement, mais dans les deux cas, la solution passe par l’implantation d’une culture de prévention des problèmes de santé mentale », affirme Claudine Ducharme.
De plus, il semblerait que le stress au travail ait de plus grandes répercussions sur l’engagement que le stress personnel. En effet, 47 % des employés qui ne sont pas engagés ont fait état de stress extrême au travail, mais seulement 18 % de ceux-ci ont déclaré un stress personnel extrême.
Et quels sont les principaux facteurs de stress au travail? Les problèmes émotionnels ou interpersonnels, ont répondu 60 % des employés. Ceux-ci incluent notamment la culture de l’entreprise, la communication et les conflits.
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