
En janvier 2010, les sociétés Towers Perrin et Watson Wyatt fusionnaient pour créer l’une des plus importantes firmes en consultation au monde. Cette fusion a par ailleurs entraîné certains changements majeurs au sein de la direction de la nouvelle firme à Montréal.
L’un d’eux a été le départ de Roland Pratte, jusque-là sociétaire chez Towers Perrin. À l’emploi de cette firme depuis 1979, M. Pratte a pu profiter d’un programme de préretraite. « À 53 ans alors, après 31 ans de service, j’ai fait un bilan de ma carrière et j’ai voulu prendre du recul pour profiter davantage de la vie. Comme bien d’autres, je n’avais pas compté les heures au bureau pendant de nombreuses années. J’ai donc voulu explorer d’autres passions que j’avais laissées de côté, en plus de vouloir passer plus de temps avec ma famille. »
Malgré cette retraite circonstancielle, M. Pratte a continué à œuvrer dans le milieu de la consultation en gestion de l’actif en travaillant à temps partiel sur quelques mandats précis. Une fois ces mandats terminés, la tentation était grande d’effectuer un retour au travail. C’est ainsi qu’en avril 2011, il est donc revenu à ses anciennes amours pour prendre en charge la pratique Investissement, une responsabilité qu’il avait assumée chez Towers Perrin depuis 1991.
« Ce répit de 15 mois m’a permis d’établir ce que je voulais vraiment faire sur le plan professionnel. Je me suis également rendu compte que j’avais encore envie de contribuer à la profession, déclare-t-il. Les défis énormes qui persistent dans l’industrie de la retraite, le contact avec les collègues et les gens du milieu ainsi que les nombreux défis reliés à la fusion m’ont incité à revenir ».
Depuis son retour, il se concentre davantage dans la gestion et le développement du personnel et des affaires, deux aspects qui le passionnent énormément. Même si son rôle l’amène à faire moins de consultation, il s’implique plus que jamais auprès des conseillers moins expérimentés pour les aider dans la réalisation de certains mandats et dans leur développement de carrière grâce à sa vaste expérience.
« Les plus jeunes conseillers ont souvent tendance à travailler de manière autonome, probablement dans le but de s’affirmer. Après un certain temps, on apprend qu’il est préférable de partager et d’échanger avec ses collègues ainsi qu’avec divers intervenants de l’industrie. Ceci permet d’élargir ses connaissances et ses compétences afin de proposer les meilleures solutions aux clients. Cela est d’autant plus vrai en gestion de l’actif, un domaine en constante évolution », dit-il.
Selon M. Pratte, la gouvernance constitue le plus important problème des caisses de retraite puisqu’elle chapeaute tous les aspects de la gestion. Il explique que plusieurs responsables de régimes de retraite gèrent selon leurs convictions, en particulier par rapport aux marchés financiers, sans adéquatement évaluer les risques et leurs conséquences potentielles, et en espérant que la situation se replacera par enchantement.
« On a créé des outils performants et développé des pratiques de gestion plus évoluées; plusieurs responsables de caisses de retraite ont d’ailleurs pu bien cerner leurs risques et adopter de mesures d’atténuation adéquates, et ainsi résister à la tempête des dernières années avec brio. Malheureusement, encore trop peu de promoteurs de régimes déploient les efforts requis sur les stratégies de placement et de gestion des risques financiers. Pendant ce temps, les régimes deviennent de plus en plus lourds à supporter pour les employeurs. C’est lorsque ça va bien qu’il faut prévoir le pire. Trop souvent, on est prêt à appuyer sur le bouton de panique lorsqu’un coup dur survient parce qu’on n’a pas suffisamment planifié », prévient-il.
M. Pratte insiste : « Pour gérer efficacement un régime de retraite, il faut définir et appliquer des paramètres qui fonctionnent en matière de capitalisation, de placement et de gestion des risques notamment. De plus, un leader doit prendre l’initiative lors du processus décisionnel pour que l’on progresse. Ce sont les deux clés indispensables de la réussite », termine-t-il.