
Brigitte Gascon n’a jamais senti qu’être une femme l’empêchait de progresser dans sa carrière en finances. « Oui, notre industrie est masculine et orientée vers les hommes. Mais, je n’ai jamais senti que c’était un frein. J’ai toujours perçu que si tu as les capacités et les compétences, tu es “one of the boys.” » Elle ne croit pas que les femmes soient mal reçues dans cette industrie. « À compétence égale, on est très bien accueillies dans ce cercle d’hommes, probablement parce qu’on apporte un côté plus humain, plus émotif, de responsabilité sociale que les hommes n’ont pas nécessairement et c’est très apprécié par nos collègues masculins. On apporte une complémentarité au travail des hommes. » Elle remarque aussi que les jeunes hommes qui commencent dans l’industrie sont plus habitués que leurs collègues plus âgés à travailler avec des femmes.
Mme Gascon est arrivée un peu par hasard dans le milieu de la retraite et de l’épargne. Elle se destinait plutôt à une carrière de comptable, lorsqu’elle a entrepris ses études universitaires. Mais elle aura eu peu d’occasions de faire des états financiers. Vice-présidente régionale pour l’est du Canada à la Standard Life depuis deux ans, elle croit que plus de femmes pourraient occuper des postes importants dans le milieu des finances.
« Il faut que les femmes travaillent leur confiance en elle. J’ai vu souvent des femmes qui regardent une offre d’emploi, si elles n’ont pas 100 %, ou à tout le moins plus de 90 % des compétences requises, elles ne postuleront pas, alors qu’un homme se dira, “cette compétence, je ne l’ai pas, mais ce n’est pas grave”. Il faut que les femmes posent leur candidature, ce serait-ce que pour se faire connaître dans l’industrie. Si elles le faisaient, il y aurait plus de femmes occupant des postes importants. »
Les femmes ne sont-elles pas limitées par la difficulté de concilier vies professionnelle et privée ? Pour Brigitte Gascon, c’est important de faire des compromis si l’on veut atteindre cet équilibre et il faut être bien organisée. « Je me suis toujours fait un devoir d’être à la maison pour le souper de mes enfants. Quitte à travailler le soir. Il faut responsabiliser les autres autour de soi, à la maison comme au bureau. Il faut surtout apprendre à déléguer. Oui, déléguer suppose qu’il faut faire du coaching, mais en même temps ça nous permet d’équilibrer nos sphères professionnelle, familiale et privée, et à tout le monde autour de soi de grandir. »
Une autre faiblesse des femmes de l’industrie des finances, selon Mme Gascon, c’est leur difficulté à se créer un réseau et à l’entretenir « Les hommes excellent en la matière, ne serait-ce que parce qu’ils vont voir des matchs de hockey ou parce qu’ils jouent au golf. Comme femme, on n’a pas ce lien-là avec nos clients ou notre réseau », explique-t-elle. Brigitte Gascon croit que si les hommes réussissent très bien à entretenir leur réseau, les femmes, quant à elles, préfèrent retourner à la maison le soir. « Elles sont prêtes à aller prendre un verre le soir, mais tant que ça ne s’éternise pas. Pour moi, le réseautage est quelque chose de très important. Que ce soit de siéger sur des conseils ou d’aller prendre un verre. Il faut relancer ses contacts, entretenir son réseau et ça demande du temps. Mais ça vaut la peine! »
Brigitte Gascon a plusieurs idées pour que les femmes puissent réseauter plus facilement, qui n’impliquent ni match de hockey, ni journée de golf. L’année dernière, elle a loué une loge au théâtre où elle a invité ses clients. Une initiative qui a été très appréciée. Elle suggère également de s’impliquer dans une cause. « C’est une façon fantastique de se faire des contacts. » Mme Gascon en sait quelque chose, elle qui a fait partie de divers conseils d’administration à titre de bénévole, en plus de participer à des campagnes de financement au cours des dernières années. Elle souhaite d’ailleurs continuer à le faire. « C’est quelque chose que je voudrais refaire, travailler dans la communauté, mais pas nécessairement financière. Je veux mettre à profit mon expérience professionnelle, bénévolement, sur des conseils d’administration. J’en suis là. C’est mon projet pour les prochaines années. »