La semaine de relâche telle qu’elle existe aujourd’hui n’est peut-être plus adaptée à la réalité de la majorité des familles québécoises. Faudrait-il l’abolir?

Dans une lettre d’opinion publiée dans Le Devoir, Raymond Villeneuve directeur du Regroupement pour la valorisation de la paternité et président du Réseau pour un Québec famille et Marie Rhéaume, directrice générale du Réseau pour un Québec famille et ancienne présidente du Conseil de la famille et de l’enfance écrivent qu’aujourd’hui, « la semaine de relâche est synonyme de souci et de stress pour un grand nombre de familles ».

Pertes de revenus et sanctions

Car si certains employés privilégiés bénéficient de conditions de travail suffisamment souples pour leur permettre de s’absenter pendant la relâche scolaire, la plupart doivent se casser la tête pour s’organiser durant cette semaine atypique.

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Incapables de faire garder leurs enfants, certains parents doivent même s’absenter du travail et subir une perte de revenus, voire des sanctions disciplinaires, « puisqu’aucune disposition de la Loi sur les normes du travail ne donne le droit aux employés de négocier l’aménagement de leur temps ou de leur lieu de travail pour des raisons familiales », écrivent les auteurs.

Réalisé en 2015 par l’Institut de la statistique du Québec, l’étude Mieux connaître la parentalité révèle entre autres que 59 % des enfants vivent dans un foyer où les deux parents travaillent et que 48 % des enfants vivent dans un foyer où au moins un des deux parents a un horaire atypique. Près du quart (22 %) des parents salariés travaillent en outre pour une entreprise qui n’offre aucune mesure de conciliation travail-famille.

Conciliation 52 semaines par année

Pour autant, Raymond Villeneuve et Marie Rhéaume ne militent pas en faveur de l’abolition de la semaine de relâche. Ils veulent plutôt initier une réflexion sur l’horaire de l’école et du travail « pour permettre aux pères, aux mères et aux enfants de souffler un peu ».

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Selon eux, la révision de la Loi sur les normes du travail annoncée récemment par la ministre du Travail Dominique Vien est une occasion unique d’introduire des mesures de conciliation travail-famille adaptées aux réalités d’aujourd’hui.

Mais le gouvernement n’est pas le seul à devoir prendre ses responsabilités, affirment les auteurs. Les entreprises doivent collaborer elles aussi et « reconnaître qu’elles ont intérêt à se montrer innovatrices sur ces questions, ne serait-ce que pour mieux attirer et retenir la main-d’œuvre ».

« Une semaine de relâche, c’est bien… mais permettre aux familles de mieux concilier leurs obligations liées au travail et aux soins à la famille pendant toute l’année, c’est essentiel », concluent-ils.

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