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Et si le Québec remontait l’âge de la retraite ? Voilà une solution proposées lors d’un colloque sur l’avenir des régimes de retraite au Québec, présenté à Montréal et organisé conjointement par l’Institut du nouveau monde et le Fonds de solidarité FTQ. Quatre experts ont insisté sur l’importance d’encourager les Québécois à épargner en vue de leur retraite en proposant des solutions concrètes.

Animé par Michel Venne, directeur général de l’Institut du Nouveau Monde, le panel réunissait Michel Arsenault, président de la FTQ, Claude Lamoureux, ex-président et chef de la direction de Teachers, Pierre Plamondon, directeur de l’évaluation, de la statistique et de la révision et actuaire en chef, Régie des rentes du Québec, Michel St-Germain, partenaire et actuaire chez Mercer et Yvon Bolduc, président-directeur général du Fonds de solidarité FTQ

Selon eux, il faut contrer le phénomène de la pauvreté des retraités au Québec qui risque de s’accentuer si rien n’est fait. Actuellement entre 30 % et 40 % des Québécois n’ont pas un revenu satisfaisant à la retraite et la situation ne s’améliorera pas. Près de 50 000 PME employant un million de travailleurs n’offrent pas de régime de retraite à leurs employés, ce qui sous-entend que 46 % des travailleurs québécois ne sont pas couverts par un régime de retraite collectif. Le nombre de cotisants au Régime des rentes du Québec par retraité va passer de 3 à 1,5 d’ici 2040, ce qui représente un fardeau majeur pour les futures générations.

Les efforts doivent être collectifs

Devant ces faits, Michel Arsenault soutient que l’amélioration de la sécurité du revenu à la vieillesse est un enjeu sociétal qui requiert la solidarité de l’ensemble de la société. En ce sens, la législation doit obliger non seulement les travailleurs, mais également les entreprises à cotiser à la solution retenue.

M. Arsenault propose de bonifier la rente du Régime des rentes du Québec (RRQ). « En haussant progressivement de 25 à 50 % le taux de remplacement assuré par la RRQ et en augmentant de 47 200$ à 62 500$ le plafond de revenu couvert, les prochains retraités pourront espérer un taux de remplacement du revenu à la retraite plus adéquat, tout en laissant de la place aux épargnes personnelles sur une base complémentaire », a-t-il dit.

Un travailleur à plus faible revenu verrait sa cotisation passer de 4,5 % à 7,0 % de son salaire mais en contrepartie, à terme sa rente augmenterait du double. Dans le même ordre d’idées, il suggère de bonifier le Supplément de revenu garanti (SRG).

L’équilibre du RRQ doit être rétabli

Le taux de remplacement combiné offert pas les régimes publics (RRQ et la pension de Sécurité de la vieillesse) est de seulement 40 % pour le travailleur moyen, fait remarquer M. Plamondon. Il est parmi les plus faibles des pays industrialisés. Une part importante est laissée aux régimes privés (individuels ou collectifs) qui font pourtant face à divers problèmes : ils sont moins généreux et le rendement est insuffisant sur l’épargne individuelle. Par ailleurs, le taux de cotisation actuel au RRQ (9,9 % en combinant les cotisations versées par l’employeur et par l’employé) est insuffisant pour atteindre l’équilibre (il devrait être de 11,02 %). Il est donc nécessaire de prendre des mesures pour rétablir l’équilibre financier du RRQ.

Des solutions multiples

Pour Claude Lamoureux, les solutions doivent être multiples et toucher autant les régimes publics que privés. « Il est urgent de rétablir l’équilibre du RRQ, a-t-il insisté. Mais on devrait aussi ajuster à la hausse l’âge de la pleine retraite.» M. Lamoureux préconise des régimes privés gérés par des professionnels et non pas laissés à la gestion individuelle et dans lesquels les employeurs pourraient contribuer.

Situation différente selon les revenus des ménages

M. St-Germain a soutenu pour sa part que la solution n’est peut-être pas la même selon les revenus des ménages. Ceux à revenus élevés n’ont pas besoin de l’aide de l’État. Dans la classe moyenne, certains sont bien couverts par des régimes collectifs, d’autres pourraient avoir comme priorité immédiate le remboursement de l’hypothèque et le bien-être des enfants. Il faut encourager le secteur privé à offrir des produits d’épargne retraite à des frais concurrentiels assortis de conseils objectifs. Et il faut continuer d’analyser l’option d’un régime volontaire.

Profiter des fonds de travailleurs

Faisant le point, M. Bolduc rappelle qu’à eux seuls, les régimes publics ne suffiront pas à offrir aux Québécois une retraite confortable. Il s’est dit confiant que la complémentarité des solutions est possible pour assurer un avenir meilleur aux futurs retraités et ainsi prévenir la pauvreté à cette étape de la vie. Pour lui, les fonds de travailleurs, comme le Fonds de solidarité FTQ, constituent une solution gagnante, à la fois pour le travailleur et pour le gouvernement.

« Je suis rassuré par la forme que prend notre solution d’épargne puisque les sommes investies par nos actionnaires-propriétaires sont accumulées en vue de la retraite. Les sommes peuvent être retirées seulement dans certaines situations de vie comme lors de l’achat d’une première maison avec le Régime d’accès à la propriété, le retour aux études, le démarrage d’une entreprise ou la perte importante de revenus. De plus, le REER du Fonds constitue une source complémentaire au système de pension des gouvernements. Leur coût fiscal lié aux 30 % de crédit d’impôt représente un investissement pour eux car ils le récupèrent rapidement, en moyenne à l’intérieur de trois ans. Suivant cette période, les crédits s’avèrent même payants pour les gouvernements», a conclu M. Bolduc.