Le Conseil du Québec de l’Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite (ACARR) a présenté son colloque annuel la semaine dernière sous le thème La marée montante des régimes à capitalisation : Préparons-nous à naviguer, devant plus de 150 personnes.

Richard Béliveau, associé chez Morneau Sobeco, a d’abord parlé des options par défaut. Selon un récent sondage sur le sujet mené auprès des clients de la firme conseil, 40 % des régimes CD offriraient un fonds de marché monétaire comme option par défaut; 10 % offriraient des fonds d’obligation; 40 % offriraient un fonds équilibré et enfin 10 % offriraient un fonds cycle de vie ou de répartition d’actifs. Selon l’option par défaut choisie, le rendement peut varier passablement, favorisant ou non le participant inerte.

Les promoteurs de régimes CD doivent faire face à trois dilemmes majeures selon. M. Béliveau. « D’une part, trop de participants ne s’intéressent pas à leurs placements. D’autre part, certains participants sont trop actifs quant à leur sélection de placements. Enfin, de façon générale, les participants n’épargnent pas assez. »

« Il importe de sensibiliser les gens très tôt à l’importance d’économiser pour la retraite et de suivre l’évolution de leurs placement par rapport à leurs objectifs », a-t-il ajouté.

M. Béliveau en a aussi profité pour inciter les promoteurs de régimes à communiquer avec les participants, à chaque occasion possible.

Un lien avec ce qui se passe aux États-Unis
Gary Nachshen, avocat chez Stikeman Elliott, a quant à lui, comparé la situation canadienne avec celle qui prévaut aux États-Unis. À la suite de la réforme du Pension Protection Act, en 2006, les régimes de capitalisation américains ont favorisé l’adhésion automatique par défaut ainsi que les fonds cycle de vie comme option de placement par défaut. Aussi, ils ont implanté un processus d’augmentation automatique dans le temps des cotisations de l’employé.

« Il existe encore très peu de législation au Canada concernant les choix de placements dans les régimes CD. Il n’existe pas par exemple de concept d’exonération ( safe harbour ) ici, même dans les lignes directrices de 2004 pour les régimes de capitalisation. »

M. Nachshen a insisté sur l’importance pour les promoteurs de divulguer de façon claire et fréquente les options de placements disponibles, dont l’option par défaut. Il s’interroge également sur la possibilité de n’offrir qu’une seule option de placements, uniforme à tous les participants.

Il a aussi rappelé que, par le passé, les fonds de marché monétaire semblaient performants et sûrs, donc un bon choix par défaut, mais que depuis des années, ils offrent des performances décevantes et beaucoup moins sûrs depuis la crise des PCAA en août dernier. Il n’est pas étonnant par conséquent que ces fonds soient de moins en moins considérés comme options par défaut par les promoteurs de régimes.

« À première vue, les fonds de cycle de vie paraissent plus souples et mieux ciblés que les fonds équilibrés classiques », soutient M. Nachshen. « Ils pourraient facilement devenir la solution pour les régimes de capitalisation. »

Des nouveautés de placements
Jean-Grégoire Morand, conseiller principal chez Normandin-Beaudry, est ensuite venu discuter des nouveautés de placements. Il a rapidement abordé la question des principes directeurs dans la sélection des options de placement pour un régime de capitalisation. Ces options doivent répondre à un besoin de simplicité afin de résoudre le phénomène de procrastination et d’inertie des participants. Ces derniers sont confrontés à une multitude de fonds disponibles et à la complexité des marchés. Il faut aussi faire le lien avec le profil d’investisseur et l’horizon de placement du participant.

En plus de parler de diversification, M. Morand a lui aussi élaboré sur le niveau d’épargne des participants et sur leurs attentes de rendements.

« Le niveau de cotisation est trop bas et la période de temps souvent trop courte » , a-t-il déclaré en parlant des cotisations des participants dans leur régime de retraite. « Plus de 40 % des participants s’attendent à obtenir un rendement d’au moins 10 %, peu importe leur profil d’investisseur. De plus, ils oublient parfois de considérer l’espérance de vie maintenant plus longue et de se prémunir contre l’inflation après la retraite dans leur planification. »

M. Morand a enfin indiqué qu’en plus des fonds cycle de vie, les fonds assortis d’une garantie, les fonds avec une exposition hors indice importante et les fonds négociés en bourse à faible coût commençaient à susciter de l’intérêt auprès des promoteurs. Il en va de même de certains autres fonds spécialisés dans certains secteurs.

Les fonds cycle de vie
Anne Meloche, conseillère principale chez Mercer, a pour sa part mis l’accent sur les fonds cycle de vie. Bien qu’ils existent depuis plus d’une décennie aux États-Unis, ce type de fonds n’a fait son apparition qu’en 2004 au Canada. D’ailleurs, il n’existe présentement que neuf fonds cycle de vie sur le marché canadien comparativement à quelque 250 sur le marché américain, qui est beaucoup plus mature.

Des modifications majeures au Pension Protection Act, en juillet 2006, ont eu un impact significatif sur l’offre et l’utilisation des fonds cycle de vie aux États-Unis. « Certains avancent que d’ici cinq ans, 75 % des actifs des 401(k) aux États-Unis seront investis dans de tels fonds, témoignant de leur popularité chez nos voisins du sud », a mentionné Mme Meloche.

Parmi les différences notables des fonds cycle de vie, certains utilisent des gestionnaires uniques alors que d’autres favorisent la multi-gestion. La répartition d’actif varie d’un fonds à l’autre, certains favorisant davantage les actions étrangères au détriment des actions canadiennes. Le portefeuille en revenus fixes peut aussi tirer ces composantes de sources diverses.

La répartition des classes d’actif moins traditionnelles, comme les REITs ou les fonds alternatifs, constituent également un autre élément qui peut varier passablement d’un fonds à l’autre. Ces classes d’actif permettent notamment de réduire la volatilité et de maximiser le rendement potentiel.

Mme Meloche a insisté pour que les participants retiennent cinq points : les fonds cycle de vie sont maintenant devenus un incontournable; certains fournisseurs de services ont toutefois des offres restreintes; il importe comme promoteur d’établir clairement les critères de sélection et de comparer les produits, notamment en évaluant la qualité du gestionnaire; enfin, il faut considérer en parallèle la « solution technologique » cycle de vie.