C’est maintenant officiel : la Caisse de dépôt et placement du Québec a livré son pire rendement à vie en 2008. Les résultats annuels vérifiés font état d’une performance de – 25 %, éclipsant le triste record de – 9,6 % établi en 2002.
La Caisse se classe ainsi au 4e rang quartile des régimes de retraite au pays. L’indice de référence des grandes caisses de retraite au pays est de – 18,5 % pour 2008.
Le résultat net des activités de placement en 2008 s’est soldé par une perte de 39,8 milliards de dollars, qui a annulé une partie des 63,2 milliards de dollars de rendement générés au cours des cinq années précédentes. Sur trois ans, le rendement de la Caisse se situe maintenant à – 3,2 %. Sur cinq, il est de + 3,1 %.
L’actif net des déposants a fondu de 22 % en un an, chutant 155 à 120 milliards de dollars.
« Comme pour tous les autres investisseurs, le premier élément qui explique notre rendement cette année est la crise financière mondiale du quatrième trimestre. En quelques jours, en octobre 2008, le monde a basculé dans une crise financière et économique comme il ne s’en est pas vu depuis 80 ans. Les marchés se sont disloqués », a expliqué Fernand Perreault, président et chef de la direction de la Caisse.
La couverture contre le risque de change a été fatale, entraînant une charge de 9 milliards de dollars. Il s’agit d’un montant record dont la plus grande partie, 78 %, est le résultat de la couverture à 100 % des placements privés et immobiliers hors Canada. « Ce facteur explique certainement une bonne partie de l’écart avec les grandes caisses de retraite canadiennes de 1 milliard de dollars et plus en 2008, puisque la Caisse a une proportion nettement plus importante de placements privés et immobiliers hors Canada et une couverture générale plus étendue », a souligné Fernand Perreault.
L’« erreur » des PCAA
La débâcle des PCAA a également fait très mal à la Caisse, qui reconnaît que ce fut «une erreur d’en accumuler autant». En 2008, elle a dû inscrire une charge de 4 milliards de dollars qui a retranché 2,5 % du rendement global. De plus, elle a comptabilisé une provision de 5,6 milliards de dollars à l’encontre des placements en PCAA. Cependant, une partie importante de cette provision sera renversée au cours des prochaines années, compte tenu du faible taux de pertes réelles dans les structures de PCAA.
« L’erreur du PCAA est un épisode regrettable », a avoué Fernand Perreault.
La Caisse n’indique pas combien vaut son placement dans les PCAA. La valeur initiale était de 12,6 milliards de dollars. Compte tenu de la charge de 5,6 milliards en 2008 et de celle de 1,9 milliard l’année précédente, on peut conclure que le portefeuille de PCAA vaut environ 5 milliards de dollars aujourd’hui.
Entente de restructuration
Malgré ces données déprimantes, la Caisse demeure positive. « L’entente de restructuration a été réussie, il y a peu de pertes matérialisées et ces titres produisent maintenant un revenu d’intérêts. Ce dénouement est positif et nous avons confiance de récupérer la plus grande partie des provisions d’ici l’échéance des titres », a dit Fernand Perreault.
Sans le facteur PCAA, le rendement 5 ans de la Caisse s’établirait à 4,1 %, soit au-dessus de la médiane des pairs qui se situe à 3,6 %, près du seuil de premier quartile qui est de 4,3 %.
Rééquilibrage de portefeuille
Comme un grand nombre de petits investisseurs face à la crise boursière, la Caisse a cherché refuge dans les placements sûrs. En octobre, en pleine secousse des marchés, elle a fait passer le poids de ses titres à revenu fixe de 30 % à 44 % et a diminué sa pondération en actions de 36 % à 22 %.
« Compte tenu de la volatilité des marchés depuis la fin de l’année 2008, ces décisions ont résulté en une amélioration notable de notre positionnement global. Le rééquilibrage du portefeuille vers les marchés boursiers se fera graduellement, en fonction de nos évaluations des différents marchés et en collaboration avec nos déposants », a conclu Fernand Perreault.
Hausses de cotisations à prévoir ?
Une des sociétés parapubliques qui confie ses avoirs à la Caisse, la Société de l’assurance automobile du Québec, n’a pas tardé à réagir à la suite de la publication des résultats de la Caisse.
« Il n’y aura pas de nouvelles hausses des contributions d’assurance », a indiqué l’organisme par voie de communiqué.
Quant aux autres caisses de retraite et régimes d’assurance publics du Québec concernés, la ministre Jérôme-Forget laisse le soin à chacun d’eux de se prononcer officiellement.