Ceux qui ont vu dans la récente poussée boursière le signal de la reprise risquent d’être déçus, dit Avery Shenfeld.
L’économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC estime en effet que l’économie réserve d’autres mauvaises nouvelles. « Les chiffres terribles du marché de l’emploi en mars et des niveaux d’endettement élevés font croire que les consommateurs américains, importants acteurs des reprises antérieures, sont toujours aux prises avec de grosses difficultés. L’adoption récente d’importants incitatifs fiscaux aidera certains pays, mais les résultats se feront attendre », prévoit Avery Shenfeld dans son dernier rapport.
L’expert souligne aussi les « très faibles perspectives de profit à court terme » puisque les gains du TSX pourraient chuter de 25 % en 2009. La croissance des gains en glissement annuel du TSX et du S&P 500 devrait rester « profondément négative au moins jusqu’au quatrième trimestre », a-t-il précisé.
Aucun facteur de poids n’existe actuellement pour donner de l’oxygène à cette récente reprise. Les actions des secteurs de la technologie et du pétrole, qui ont été les fers de lance des reprises du TSX à la fin des années 1990 et au début des années 2000, ne font rien qui vaille actuellement. On semble se diriger vers une reprise lente qui ne récompenserait que marginalement un retour en force immédiat dans les actions. « Il faudrait plutôt attendre que certaines données indiquent que le pire est passé et que les efforts de stabilisation sur le plan macroéconomique commencent à porter des fruits », conseille Avery Shenfeld.
Les derniers développements, particulièrement sur le plan de l’emploi, l’ont conduit à revoir à la baisse certaines estimations importantes. Parmi celles-ci, il s’attend à ce que le PIB réel du Canada perde 2,7 % d’ici la fin de l’année, comparativement à 2,1 % comme il était estimé antérieurement. Le glissement du PIB devrait être de 2,9 % aux États-Unis et de 1,5 % au niveau mondial. Ces prévisions sont elles aussi plus sombres que les prévisions antérieures.
Sous-pondération en actions
Une reprise économique modeste en 2010 pourrait permettre au TSX d’atteindre son objectif de 10 500 points d’ici la fin de l’année prochaine, mais les risques d’une correction à court terme poussent Avery Shenfeld à privilégier un mode de placement prudent pour son portefeuille modèle.
En ce qui concerne le contenu en action, il maintient une sous-pondération de deux points de pourcentage. Il attend que la période des résultats financiers soit passée avant d’augmenter la pondération, s’il y a lieu de le faire. Pour le secteur de l’énergie, il n’accorde qu’une pondération neutre, même s’il se dit haussier à long terme en ce qui a trait au pétrole. Il passe également au neutre dans le secteur des télécommunications, alors qu’il était sous-pondéré jusqu’ici. « Les entreprises canadiennes semblent être relativement bien placées pour profiter de la nouvelle préférence pour les téléphones intelligents et autres appareils ultra-portables par rapport aux ordinateurs personnels, bourrés de fonctionnalités, mais chers », précise-t-il.
Il augmente les pondérations dans les secteurs de la technologie, des produits chimiques agricoles et des engrais. La demande pour les produits alimentaires n’est que peu affectée par la faiblesse de l’économie, dit-il, et nous prévoyons aussi que les producteurs canadiens d’engrais tireront parti de modifications profondes dans les modes mondiaux de consommation et des efforts pour augmenter le rendement des récoltes.
Pour financer ces nouveaux investissements, il liquide des positions dans l’or. « Bien que nous prévoyions que le marché craindrait moins l’inflation que la déflation, ce qui aidera à long terme le prix des lingots et de l’or, la volatilité réduite du marché a rendu l’or moins attrayant au cours du dernier mois », affirme Avery Shenfeld.
Du côté des obligations et des titres à revenu fixe, il a retranché un point de pourcentage à sa surpondération en espèces et transféré ces fonds dans les obligations. « Pour les trois à quatre prochains mois, les assurances données par la Banque du Canada, selon qui les taux à court terme resteront faibles pendant une période plutôt prolongée devraient aider temporairement les obligations. Les titres non gouvernementaux devraient aussi bénéficier d’une autre réduction graduelle de l’aversion pour le risque », conclut le spécialiste.