
En février 2014, les sœurs Dufour-Lapointe sont montées sur les deux plus hautes marches du podium lors des Jeux olympique de Sotchi. Le secret d’un tel exploit sportif : l’environnement axé sur le bien-être qui a été mis en place pour permettre aux athlètes de performer à leur plein potentiel. De quoi inspirer les organisations qui souhaitent tirer le meilleur de leurs employés.
« Les principes qui régissent la performance et le bien-être sont universels. Ils s’appliquent aussi bien dans le monde du travail que dans le sport », a souligné Jacques Forest, psychologue organisationnel et professeur-chercheur à l’ESG-UQAM lors du Congrès RH 2017 qui s’est tenu la semaine dernière à Montréal.
Pour un entraîneur comme pour un employeur, la clé est de connaître et susciter les sources de motivation. Il en existe quatre, deux bonnes, le plaisir et le sens, et deux mauvaises, l’ego et les récompenses.
« Le plaisir est le meilleur prédicteur de bien-être au travail, tandis que le sens est le meilleur prédicteur de performance », soutient M. Forest.
Ne pas voir le temps passer en effectuant certaines tâches est un signe de plaisir, alors que le sens permet de se sentir utile, de contribuer à une mission plus grande que soi.
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À l’inverse, l’ego et les récompenses sont des sources de motivation à éviter le plus possible. « Quand les athlètes sont trop concentrés sur les récompenses, les médailles par exemple, ils oublient pourquoi ils font du ski, ils n’ont plus de plaisir. Leur frustration augmente et leur énergie chute », affirme Jean-Paul Richard, qui a été entraîneur de l’équipe canadienne féminine de ski acrobatique, dont font partie les sœurs Dufour-Lapointe.
La motivation axée sur les récompenses tend en effet à augmenter les risques de distraction, de burnout et de tricherie, poursuit Jacques Forest. « L’argent est le moins bon prédicteur de performance et de bien-être au travail. »
Pour les employeurs, comme pour les entraîneurs, l’objectif ultime est donc de favoriser le plus possible les motivations liées au plaisir et au sens, et de réduire au maximum les frustrations engendrées par les motivations liées à l’ego et aux récompenses.
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Trois besoins essentiels
Pour que les employés et les athlètes soient motivés pour les bonnes raisons, trois besoins doivent être comblés : l’autonomie, la compétence (atteinte d’objectifs) et l’affiliation sociale. « Si ces besoins sont satisfaits, les bons types de motivation augmenteront, mais si ce n’est pas le cas, les individus tenteront de compenser avec des mauvaises sources de motivation, comme l’argent », note Jacques Forest, qui précise que les salaires doivent tout de même être suffisants pour ne pas être une source constante de préoccupation.
Et détrompez-vous si vous croyez que les sources de motivation ou les besoins varient d’un individu à l’autre. Des recherches ont montré que ces principes s’appliquaient de la même façon peu importe la génération, le genre ou la nationalité, poursuit le psychologue.
Du côté de l’équipe olympique canadienne de ski acrobatique, plusieurs initiatives ont été mises en place pour s’assurer que les trois besoins soient comblés chez les athlètes. Les entraîneurs ont notamment donné plus de liberté et d’autonomie aux skieuses dans l’élaboration de leur plan olympique, ont diminué le niveau de difficulté de certains exercices inutilement ardus pour ne pas plomber leur moral et planifié plusieurs activités agréables dans leur horaire d’entraînement, notamment des séances de magasinage.
De quoi inspirer les employeurs qui visent des exploits de niveau olympique.