Changement climatique
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Cinq des plus grandes banques canadiennes se sont retirées de l’alliance bancaire Net Zéro soutenue par les Nations unies, qui vise à accélérer l’action climatique des institutions financières. 

Après la Banque de Montréal et la Banque Nationale, la CIBC et le Groupe Banque TD ont aussi confirmé vendredi qu’elles ne faisaient plus partie de ce groupe. Et la Banque Scotia s’est retirée à son tour lundi.

Ces sorties canadiennes font suite aux retraits de l’alliance des six plus grandes banques des États-Unis au cours des dernières semaines avant l’investiture présidentielle de Donald Trump. Des institutions financières se retirent à la suite de critiques soutenues de républicains à l’égard de diverses alliances climatiques et du concept même de la prise en compte des risques environnementaux dans leurs opérations commerciales.

BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, a quitté l’initiative Net Zero Asset Managers plus tôt ce mois-ci, ce qui a conduit le groupe à suspendre ses activités et à lancer un examen de l’initiative, invoquant « les récents développements aux États-Unis ».

BMO n’a pas expliqué pourquoi elle avait quitté l’alliance bancaire, mais a déclaré qu’elle avait les capacités de faire cavalière seule. La banque a affirmé dans un communiqué qu’elle était investie dans sa stratégie climatique et dans le soutien de ses clients dans la transition vers un monde carboneutre. « Nous disposons de solides capacités internes pour mettre en œuvre les normes internationales pertinentes, soutenir notre stratégie climatique et répondre aux exigences réglementaires », a fait valoir le porte-parole Jeff Roman.

La Banque Nationale a déclaré qu’elle quittait l’alliance alors qu’elle rationalise la façon dont elle rend compte de ses plans et de ses progrès. « Nous continuerons d’avoir une approche pragmatique et de travailler avec des entreprises de tous les secteurs, y compris les grands émetteurs et les fournisseurs d’énergie renouvelable, pour promouvoir des stratégies de décarbonisation efficaces », a soutenu le porte-parole Alexandre Guay dans une déclaration écrite.

La CIBC a souligné que l’alliance avait été formée lorsque les entreprises ont commencé à accentuer les efforts pour contrer les changements climatiques. La situation a assez évolué pour  lui permettre de jouer seule sa partition. Nous avons réalisé des progrès importants en compagnie de nos clients dans ce domaine. Nous sommes maintenant bien placés pour continuer notre travail à l’extérieur des structures formelles de Net Zero », a dit un porte-parole de l’institution, Tom Wallis.

Le Groupe Banque TD soutient avoir les capacités pour faire avancer sa propre stratégie et conseiller ses clients au fur et à mesure qu’ils s’adaptent à la nouvelle réalité.

Un porte-parole de la Banque Scotia a déclaré que la banque restait déterminée à mettre en œuvre son propre plan de transition climatique et à répondre aux exigences des organismes de réglementation du monde entier.

Le retrait des banques de l’alliance montre la nécessité pour les gouvernements d’intervenir, a affirmé Keith Stewart, stratège principal en énergie de Greenpeace. « Qualifier cela d’acte de lâcheté envers le climat serait trop gentil », a soutenu M. Stewart dans une déclaration écrite. « Cela démontre cependant que, si nous voulons éviter que davantage de communautés soient brûlées ou inondées par des catastrophes liées au climat en déplaçant les gros capitaux des combustibles fossiles vers des solutions climatiques, nous avons besoin que les gouvernements réglementent les banques de la même manière qu’ils le font pour les cheminées et les tuyaux d’échappement », a-t-il ajouté.

La Banque Royale du Canada pourrait suivre le pas. Lors d’une conférence en janvier, son chef de la direction, Dave McKay, avait déclaré que l’alliance était en pleine mutation et s’était demandé s’il s’agissait du bon mécanisme pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.